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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/526

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la peine de refaire le calcul de sir John Herschel (Outlines of Astrology, , p. 553), il se confirmera encore davantage dans son assertion, car il trouvera que c’est par une erreur de calcul qu’on est arrivé au nombre 63, tandis que le véritable résultat est le nombre 146 1/2, — en sorte qu’en définitive il faudrait accumuler la lumière de plus de 146 soleils comme le nôtre pour équivaloir à l’éclat de Sirius, l’un et l’autre étant supposés éclairer à la même distance.

Combien d’étoiles peut-on discerner sur la voûte entière du ciel à l’œil nu et avec le télescope ? combien en a-t-on catalogué ? combien y en a-t-il dans chaque ordre de grandeur ? Sans nous astreindre à transcrire tout ce qu’il y a d’intéressant sur ce sujet dans le Cosmos, indiquons quelques nombres. D’après Argelander, il y a dans tout le ciel de 5 à 6,000 étoiles visibles à l’œil nu, sans instrument aucun, l’incertitude provenant du plus ou moins de faculté pénétrante de la vue de l’observateur. On regarde comme de sixième classe ou grandeur les dernières étoiles perceptibles à la vue naturelle. A mesure que l’éclat est plus faible, le nombre des étoiles augmente rapidement; ainsi on compte 20 étoiles de première grandeur ou éclat; de second éclat, on en compte 65; de troisième, 190; de quatrième, 425; de cinquième, 1,100; de sixième, 3,200; de septième, 13,000; de huitième, 40,000; enfin de neuvième, 142,000, ce qui fait un total de 200,000 étoiles. Que serait-ce si on allait à la vingtième grandeur! Le catalogue français de Lalande contient plus de 47,000 étoiles, et il y en a plus de 32,000 dans les zones de Bessel et d’Argelander calculées par Weisse, directeur de l’observatoire de Cracovie[1]. Sur ces 32,000, 20,000 étoiles sont de neuvième grandeur. Avec son télescope de 40 pieds, sir William Herschel estimait à 18 millions le nombre des étoiles qu’on pouvait distinguer dans la voie lactée seule.

Mais, dira-t-on, quelle utilité y a-t-il à marquer exactement la place de tant d’étoiles ? C’est aujourd’hui le même motif qui portait Hipparque, il y a deux mille ans, à former son fameux catalogue : c’est pour mesurer le très petit déplacement qu’éprouvent ces astres appelés à tort étoiles fixes. Une autre notion bien surprenante est résultée de ces comparaisons entre les petites variations de position des étoiles, c’est que notre étoile elle-même, le soleil, est en marche assez rapide vers un point du ciel situé dans la constellation d’Hercule, tandis qu’il s’éloigne sensiblement du point du ciel situé dans la région opposée. Enfin ces catalogues servent encore à reconnaître les étoiles nouvelles et les petites planètes, dont le nombre est aujourd’hui de 26.

Un résultat moins mathématique de l’observation des étoiles, c’est

  1. Suivant M. Hind (1853), nous avons aujourd’hui plus de 130,000 étoiles cataloguées.