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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/533

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d’observation ont pour limites ce qu’on peut voir, mesurer, contempler, et ce que j’ai dit prouve suffisamment sans doute que, dans l’état actuel de la science céleste, les exigences les plus outrées doivent se trouver satisfaites pour l’espace, la matière et le temps. Alexandre trouvait la terre trop petite pour son ambition : il étouffait, dit Juvénal, dans les étroites limites du monde terrestre; mais quelle ambition scientifique pourrait trouver trop petit le monde matériel de l’astronomie ?

Reposons-nous dans le système solaire, au milieu des planètes, des comètes, des satellites et de tout le domaine de notre étoile centrale. S’il y en a de plus brillantes, comme Sirius, comme la plus, brillante du Centaure, et probablement comme Canopus et les autres étoiles de première grandeur, celle-ci nous suffit, et la nature terrestre, coordonnée à son éclat, à sa chaleur et à ses autres influences, péricliterait sans aucun doute, si nos rapports avec ce grand dispensateur des principes essentiels à la vie venaient à changer. M. de Humboldt a exposé amplement les curieuses particularités relatives à la constitution du soleil, à ses taches, à ses diverses enveloppes, à son noyau obscur, etc. Je n’en dirai rien, non plus que de cet anneau lumineux immense qui entoure cet astre, et qui nous reflète cette mystérieuse lueur qu’on appelle la lumière zodiacale. C’est au milieu de cet anneau matériel que Mercure, Vénus, la Terre et peut-être Mars circulent autour du Soleil. Je ne ferai pas non plus l’histoire de ces masses curieuses qui, sous le nom de pierres tombées du ciel, arrivent réellement des espaces célestes. Je me borne à déclarer que dans cette matière, dont j’ai fait une étude spéciale, rien n’a été écrit de plus complet, de plus positif, de plus convaincant, de plus conforme à toutes les lois physiques, chimiques et mécaniques du monde, que le chapitre du Cosmos sur les pierres météoriques, les globes de feu et les étoiles filantes. Voici du reste ce que je glane dans les chroniques de France après les-riches moissons de M. de Humboldt; il s’agit des présages de la fin du règne de Charlemagne :

« …..Il y eut plusieurs éclipses de soleil les trois dernières années de sa vie….. On vit une tache à l’œil nu dans cet astre….. A Aix-la-Chapelle, la terre trembla et le palais fut ébranlé…… A son dernier voyage en Saxe, une lumière semblable à un flambeau ardent passa auprès de lui et effraya son cheval, qui tomba et lui donna une si violente secousse, qu’on trouva son épée, son javelot et son manteau à dix pas de lui….. » On ne dit pas si l’empereur fut blessé dans sa chute, mais voilà un globe de feu bien caractérisé. Que devaient penser les contemporains de Charlemagne de pareils météores, tandis qu’à peine aujourd’hui nous sortons de l’ignorance en ce qui concerne leur origine et leur nature ? Une curieuse liste de toutes les