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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/768

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dans la maison impériale de Russie à l’époque où la descendance mâle du prince Christian viendrait à s’éteindre.

Conformément aux dispositions de l’empereur de Russie, le roi de Danemark obtint, le 18 juillet 1851, les renonciations de sa tante la landgrave de Hesse avec celles du prince de Hesse et de la princesse Marie d’Anhalt-Dessau, fils et fille de la landgrave. La princesse Louise-Wilhelmine, sœur cadette de la princesse Marie, renonça même à ses droits en faveur de son mari le prince de Glucksbourg et de leur descendance mâle commune. De la sorte, après que le traité de Londres, signé par les grandes puissances le 8 mai 1852, eut reconnu et approuvé, sur la base de l’intégrité monarchique du pays, l’arrangement de famille adopté par le roi de Danemark, le message du 4 octobre.1852 vint présenter à la sanction des chambres danoises tout ce qui avait été conclu conditionnellement avec les cabinets européens, et cette affaire fut soumise à l’examen d’une commission nombreuse composée de membres de chacune des deux chambres.

Si le message n’avait contenu que la proposition d’approuver l’arrangement de famille désignant un candidat en faveur duquel l’empereur de Russie avait renoncé à ses prétentions ; le vote de la commission aurait été unanime. Une telle combinaison sauvegardait évidemment l’avenir du Danemark, et le prince de Glucksbourg était d’ailleurs accepté de la nation autant pour son cœur vraiment danois et sa belle conduite pendant la guerre que pour les circonstances diplomatiques qui recommandaient son adoption ; mais le ministère demandait en outre que les articles 27-40 de l’ancienne loi royale, seuls conservés par la constitution de 1849 et réglant l’ordre de succession en Danemark en faveur des mâles et des femmes également, fussent abolis. À cette condition seulement, suivant le ministère, on pouvait accepter les généreuses renonciations de la Russie, et quiconque voulait profiter des offres de l’empereur devait nécessairement voter le changement proposé dans la loi de succession danoise.

Une vive opposition se forma dès les premières séances de la commission contre l’interprétation donnée par le ministère aux actes diplomatiques, et la majorité de la nation partagea l’anxiété de ses représentans. Une foule d’écrits furent publiés pour et contre l’abolition de la loi royale par des hommes considérables, dont l’opinion ne pouvait manquer d’exercer une profonde influence, — par M. A. S. OErsted dans le sens du gouvernement, par M. Wegener et quelques autres dans le sens opposé. M. Wegener surtout fit circuler d’abord parmi les députés, puis dans le public, sous le titre modeste de un Manuscrit, un examen complet de la question, net, précis, lucide, d’une logique serrée et d’une perspicacité rare, qualités habituelles