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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/822

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à Turin, et les chambres espagnoles vont commencer leur session à Madrid. Le parlement anglais ne saurait tarder longtemps maintenant à reprendre ses travaux, et ces jours derniers le roi Léopold ouvrait solennellement la session du parlement belge. Du reste, dans son discours, le roi Léopold n’a pu que constater l’état de prospérité où se trouve la Belgique, l’accroissement de son commerce et de son industrie, le progrès de tous ses intérêts. C’est proprement un discours d’affaires qui ne touche nullement à la politique, et cela trouve son explication toute simple dans l’origine du cabinet belge actuel. Arrivé au pouvoir l’an dernier à un moment difficile au point de vue intérieur comme au point de vue international, il avait justement pour mission et pour but d’écarter toutes les questions politiques, afin de se livrer exclusivement au soin des affaires du pays. Chose étrange pourtant, il y a un an que le ministère belge naissait avec un caractère en quelque sorte provisoire, et cela ne l’empêche point d’exister encore. Il poursuit son existence comme par le passé, en évitant les questions politiques. Seulement ces questions ne renaîtront-elles pas d’elles-mêmes ? Les partis ne se retrouveront-ils pas en présence et ne recommenceront-ils pas leurs luttes ? En attendant, la Belgique jouit de son calme, et ressent un naturel orgueil de la réception brillante que le duc de Brabant vient de trouver à Londres. Le mariage du duc de Brabant avec une archiduchesse d’Autriche, là est le seul événement politique de ces derniers temps pour la Belgique, et c’est le seul aussi dont parle le roi Léopold dans son discours. Les chambres ont maintenant repris leurs travaux réguliers, et le premier acte de la chambre des représentans a été de renommer son ancien président, M. Delfosse. Tous les partis se sont rencontrés dans le même vote. C’est donc sous les plus calmes et les plus favorables auspices que s’ouvre la session du parlement belge.

La session des états-généraux hollandais est ouverte depuis plus longtemps. Interrompue pendant quelques jours, elle a été récemment reprise, et il ne serait point impossible qu’il ne surgit quelque discussion sérieuse où fût engagée la politique du cabinet de La Haye. Ce n’est plus aujourd’hui sur le terrain dangereux des passions religieuses qu’il peut avoir à soutenir la lutte, c’est sur le terrain financier. Déjà le budget a été l’occasion d’observations de plus d’un genre, et quelques députés ont reproché au ministère de tendre sans cesse à augmenter les dépenses. Le gouvernement a du reste répondu à ces diverses observations, en justifiant tous les accroissemens par les exigences du service public, par la nécessité de travailler à la rectification des fleuves, à l’amélioration des ports de mer, à la construction des prisons. Maintenant il vient de s’élever une question plus grave dans la seconde chambre des états-généraux ; il ne s’agit plus d’une réduction de dépenses, il s’agit d’une réduction d’impôts. La situation favorable des finances hollandaises est le motif invoqué pour cette réduction. Un certain nombre de députés, parmi lesquels se trouve M. Thorbecke, ancien ministre de l’intérieur, ont fait récemment une proposition qui, par certains points, touche à l’ensemble de l’état économique du pays, — qui demande notamment la suppression de l’impôt sur l’abattage et des taxes qui frappent l’entrée du bétail abattu. Diverses autres mesures sont proposées pour dégrever l’importation des denrées alimentaires, dont le prix s’élève aujourd’hui comme dans tous