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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/847

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L'EGLISE D'ORIENT.





La crise où est actuellement plongée l’Europe orientale appelle l’attention sur l’un des points les plus délicats de la situation de ces contrées, la question religieuse. Tour à tour les récens débats dont cette question a été l’objet nous ont montré les églises grecques de Turquie en contact soit avec le catholicisme dans l’affaire des lieux-saints, soit avec la Russie dans celle du protectorat réclamé par le tsar au nom de l’orthodoxie. Quels sont les véritables sentimens des chrétiens de la communion orientale en présence des discussions auxquelles ils viennent d’assister et des éventualités qui s’ouvrent pour l’empire ottoman ? S’ils ont dans beaucoup d’occasions accepté un concours qui s’offrait, faut-il en conclure qu’ils se croient enchaînés par la reconnaissance, et qu’ils soient résignés à n’être que les instrumens passifs de la puissance qui se pose vis-à-vis d’eux en protectrice ? Telle est la question à laquelle nous voudrions répondre en essayant de contrôler les tendances actuelles de l’église d’Orient par l’étude attentive des traditions, des influences populaires et des régies hiérarchiques qui la dominent.

Les chrétiens grecs nourrissent assurément une vive et séculaire défiance pour l’église romaine, nous l’avouons en le déplorant. Si l’église d’Orient n’a fait aucune conquête sérieuse par la prédication et le prosélytisme depuis qu’elle est séparée du saint-siège, du moins sa force sur la défensive est certaine ; elle n’a pas perdu un pouce de terrain dans les combats qui lui ont été livrés quelquefois avec talent et toujours avec courage par les missions catholiques. Elle a opposé à leurs attaques une fermeté inébranlable, un système d’inertie et d’immobilité contre lequel la science et l’autorité de