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Page:Revue des Deux Mondes - 1853 - tome 4.djvu/928

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enracinés qu’ils leur sont inférieurs en éducation et en savoir. « Que celui donc, dit Hodgson, qui étudie sérieusement les progrès de la société, qui veut remonter aux élémens des destinées humaines, au lieu de méditer laborieusement sur le passé, ou plutôt sur ce qui n’en est qu’une imparfaite esquisse, se donne pour tâche de tracer un portrait fidèle de ce qu’il a devant les yeux ! » Les travaux de l’homme d’étude et de science profitent ici, nous le répétons, à l’homme d’état, car les enfans de ces races primitives furent les anciens possesseurs du sol, les premiers cultivateurs des parties les plus riches, les plus ouvertes, les plus fertiles de l’Hindoustan ; ils en ont été violemment expulsés par l’usurpation de la race brahmanique. Un des grands objets de cette recherche est de déterminer quand et dans quelles circonstances la dispersion de ces premiers propriétaires du sol a eu lieu, et de recomposer, à l’aide des dialectes soigneusement comparés, des caractères physiques non moins soigneusement rapprochés, des croyances et des mœurs analysées dans la même intention, — de reconstruire, disons-nous, l’unité de la race tamovlienne. Il est à remarquer que ces races aborigènes vivent toutes dans les contrées sujettes à la mal’aria et y prospèrent. Pour toute autre race européenne ou native, le climat de ces contrées est mortel. Hodgson voit dans ce fait la preuve que les Taniouliens occupent les localités que nous indiquons depuis des milliers d’années.

Quels que soient, au point de rue ethnographique et philosophique, les résultats de ce nouvel ordre, de recherches, il suffira à notre but actuel de constater que les races aborigènes de l’Inde, refoulées par l’invasion des races himalayennes ou caucasiennes dans les montagnes ou les forêts de l’intérieur, s’y sont maintenues de tout temps, qu’elles n’ont jamais été qu’imparfaitement soumises, et que les gouvernemens qui se sont succédé dans l’Hindoustan ont dû tenir compte de leur présence et de leur action politique. Cependant les causes perturbatrices et en même temps les élémens d’une vie nouvelle devaient venir du dehors, et ce fut encore par le nord-ouest, et à dater de la conversion de l’Asie centrale au mahométisme, que cette impulsion puissante atteignit l’Hindoustan.

À l’époque des premières conquêtes des Arabes et de l’annexion de la Perse à leur empire, les montagnes du Mékrân étaient habitées par les Béloutchîs ; la chaîne des monts Soleimân et celle de Ghôr étaient dans la dépendance des Afghans ; les plaines entre les montagnes et l’Indus étaient occupées par les Indiens. La première invasion de ces contrées remonte à l’an 44 de l’hégire, 664 de notre ère ; d’autres expéditions eurent lieu, dans la suite, avec des succès divers, mais les Afghans, bien que convertis de bonne heure au mahométisme, ne furent soumis qu’au temps du sultan Mahmoud ; encore