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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/1011

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son désir est de calmer les consciences religieuses par la certitude du maintien de ce qui a toujours été pratiqué jusqu’à notre temps. Elle requiert, dans l’intérêt des immunités religieuses du culte orthodoxe, un acte explicatif et positif de garanties, — acte qui n’affecterait en rien ni les autres cultes ni les relations de la Porte avec d’autres puissances. » Le 5 mai, le lendemain du jour où les firmans qui réglaient l’affaire des lieux-saints avaient été remis aux ambassadeurs, après l’arrivée d’instructions nouvelles et toujours plus pressantes de Saint-Pétersbourg, il adressa une note à la Porte. « N’ayant obtenu jusqu’ici, y disait-il, aucune réponse au plus important point, qui réclame des garanties pour l’avenir, et ayant tout récemment reçu l’ordre de redoubler d’insistance pour arriver à la solution immédiate de la question qui forme le principal objet de la sollicitude de sa majesté l’empereur, l’ambassadeur se voit dans l’obligation de s’adresser aujourd’hui à son excellence le ministre des affaires étrangères, en renfermant cette fois ses réclamations dans les dernières limites des directions supérieures. »

Le prince Menchikof poursuivait en disant que ses demandes étaient substantiellement les mêmes que celles qu’il avait faites dans le principe en faveur du culte orthodoxe ; il présentait un nouveau projet de sened plus adouci dans la forme que le premier, et demandait une réponse pour le 10 mai, ajoutant qu’il considérerait tout délai plus long « comme un manque de procédés envers son gouvernement, ce qui lui imposerait les plus pénibles obligations. »

Le jour où expirait le terme fixé par le prince Menchikof, le ministre des affaires étrangères turc répondait par une note où la Porte protestait solennellement de son respect pour les immunités religieuses de ses sujets chrétiens, mais où elle refusait de prendre à cet égard aucun engagement avec la Russie. « Quels que soient les sentimens d’amitié qui existent entre la Sublime-Porte et la Russie, disait Rifaat-Pacha, il est constant pour tout le monde que si un gouvernement, pour une question aussi grave que celle-ci, — qui annulerait et détruirait les bases de son indépendance, — signait un engagement avec un autre gouvernement, il ferait un acte entièrement contraire au droit international, et il effacerait totalement le principe de son indépendance. » Le 13 mai, le prince Menchikof devait avoir une conférence avec le grand-visir, Méhémet-Ali-Pacha. Au lieu de s’y rendre, il alla au palais du sultan, et, sans égard pour la situation d’Abdul-Medjid, qui venait de perdre sa mère, il réclama une audience du souverain. Celui-ci le renvoya à ses ministres, mais Méhémet-Ali et Rifaat-Pacha, offensés de cette démarche, donnèrent leur démission. Une crise ministérielle s’ensuivit. Mustapha-Pacha fut nommé grand-visir, et Rechid-Pacha ministre des