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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/1147

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LE CONSULAT, L'EMPIRE


ET LEURS HISTORIENS.




TROISIEME MARTIE.


CHUTE DE L'EMPIRE. - LA CAPITIVITE DE SAINTE-HELENE.




Histoire du Consulat et de l'Empire, par M. Thiers. - II. Histoire des Cabinets de l'Europe pendant le Consulat et l'Empire, par M. Armand Lefebvre. - III. Histoire de France depuis le 18 brumaire, par M. Bignon. - IV. Mémoires et Correspondances du roi Joseph. - V. Histoire de Napoléon, de sa Famille et de son Epoque, par M. Emile Begin. - VI. Histoire de la Captivité de Napoléon à Sainte-Hélène, d'après les documens officiels et les manuscrits de sir Hudson Lowe.


I

Si le grand empire avait mis dix ans à croître, il n’allait mettre qu’un an à tomber. La force qui avait juxtaposé sans les unir tant d’élémens divers se fut à peine relâchée, que chaque nationalité reprit son essor et ses tendances, comme ces corps qui gravitent vers leur centre sitôt qu’un bras puissant ne les maintient plus dans l’espace. Pouvait-on s’étonner qu’à la suite d’une funèbre retraite qui ôtait à la France sinon le prestige de sa gloire, du moins celui de son bonheur, la Prusse répondit par la défection spontanée de ses généraux et de ses armées, au cri de ses peuples, profondément ulcérés depuis sept ans ? Y avait-il lieu d’être surpris si quelques mois plus tard l’Autriche, descendue au rang de puissance du second ordre, tirait des souvenirs cumulés de Marengo, d’Austerlitz et de Wagram une vengeance analogue à celle qu’inspiraient à la Prusse les hontes d’Iéna et les sacrifices de Tilsitt ? L’empereur Napoléon ne se faisait nulle illusion sur les sentimens secrets de ces deux cours, en