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Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 5.djvu/1241

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et des lenteurs qui paralysaient les négociations à Constantinople, il se décida à terminer l’affaire à Vienne.

En conséquence, le 24 juillet, M. de Buol convoqua chez lui les ambassadeurs de France, d’Angleterre et de Prusse, M. de Bourqueney, lord Westmorland et M. de Canitz. Ne voyant pas aboutir, leur dit-il, les propositions que l’internonce d’Autriche, secondé par les représentons des autres puissances, avait faites à la Porte, il réunissait les ambassadeurs, afin d’aviser ensemble à l’adoption de quelque proposition qui pût être soumise à la Porte sous la sanction des quatre puissances. Les ambassadeurs ayant approuvé ce dessein, M. de Buol ajouta que la note proposée par M. Drouyn de Lhuys lui paraissait être la base la plus convenable. Cette opinion fut également partagée par les ambassadeurs, et, en attendant qu’ils pussent recevoir à ce sujet les ordres de leurs gouvernemens, M. de Buol se chargea de rédiger, d’après ; le projet français, la note à laquelle la conférence donnerait son autorité collective[1].

Les gouvernemens s’empressèrent d’autoriser par dépêches télégraphiques leurs ambassadeurs à prendre part à la conférence. M. de Buol fit trois amendemens au projet de note français. D’abord il en remplaça le préambule par une phrase mieux adaptée au tour que les affaires avaient pris depuis l’époque de la rédaction primitive. Ensuite il fit une intercalation dans le paragraphe commençant par ces mots : « Le soussigné a reçu en conséquence l’ordre de déclarer par la présente que le gouvernement de sa majesté le sultan regarde qu’il est de son honneur, etc. » Avec l’amendement de M. de Buol, la phrase continua ainsi : « Le gouvernement de sa majesté le sultan, fidèle à la lettre et à l’esprit des stipulations des traités de Kainardji et Andrinople relatives à la protection du culte chrétien, regarde, etc. » Enfin, dans le paragraphe relatif aux lieux-saints, la phrase : — « La Sublime-Porte en outre promet officiellement qu’il ne sera apporté aucune modification à l’état des choses sans que les gouvernemens de France et de Russie en soient préalablement informés, » - se terminait ainsi dans la rédaction de M. de Buol : « Sans entente préalable avec les gouvernemens de France et de Russie, et sans préjudice aucun pour les différentes communautés chrétiennes. » Ces modifications furent approuvées par les divers gouvernemens. Cependant, pour rendre la note plus acceptable à la Porte et sur la proposition du gouvernement anglais, on modifia encore la phrase importante où M. de Buol avait rappelé les traités de Kainardji et d’Andrinople, qui reçut cette forme définitive : « Le soussigné a reçu l’ordre de déclarer… que sa majesté le sultan restera fidèle (aux

  1. The earl of Westmorland to the earl of Clarendon. Corresp., part II, n° 21.