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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/451

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cune d’une seule vitre, sans aucune autre cause de chaleur que les rayons solaires qui venaient s’engouffrer sans retour possible dans cette espèce de souricière. Il y eut de quoi régaler toute sa nombreuse famille et les invités à cette cuisine opérée avec un fourneau d’un si nouveau genre. Cette même loi nous explique le froid qui règne sur les hautes montagnes. C’est que là les couches d’air, étant moins compactes et en moindre nombre, n’opposent pas au retour des rayons vers l’espace céleste le même obstacle que l’atmosphère entière quand les rayons sont arrivés dans la plaine. C’est un cas analogue à celui où, au lieu de deux vitres, on n’en met qu’une sur une capacité que l’on veut échauffer par l’absorption des rayons du soleil. Nos vitres de fenêtre produisent le même effet, et même dans les appartemens non habités déterminent une grande élévation de température quand elles sont exposées au midi. En visitant l’été les salles des vieux châteaux abandonnés, on peut remarquer que celles qui ont conservé leurs vitres ont quelquefois par un beau soleil une chaleur insupportable.

Il suffit donc d’attribuer à une planète une atmosphère plus ou moins épaisse pour augmenter ou diminuer la chaleur à sa surface. C’est probablement un effet de ce genre qui a eu lieu pour la Terre dans les époques qui ont précédé la nôtre, et où tout indique qu’une atmosphère moins légère et moins pure, contenant surtout une grande quantité de gaz acide carbonique, recevait et gardait en plus grande quantité les rayons du soleil. Dans les lieux profonds comme le bassin de la Mer-Morte, qui est à 400 mètres au-dessous du niveau de l’Océan, on éprouve par l’action des rayons solaires une chaleur formidable. J’avouerai cependant que, malgré toutes les atmosphères du monde et malgré les grands succès de nos sociétés d’acclimatation tant pour les poissons que pour les animaux domestiques, je ne me figure pas facilement une acclimatation des organismes terrestres, non pas seulement dans le cas de la comète d’Arago, mais même dans la planète Neptune avec un soleil qui est neuf cents fois moins chaud que sur la Terre.

Après la planète Jupiter et son printemps perpétuel viennent les planètes Saturne et Mars, qui, comme la Terre, voient le soleil se balancer dans le ciel d’un pôle à l’autre, donnant les saisons chaudes à l’hémisphère voisin du pôle dont il se rapproche, et les saisons froides à l’hémisphère opposé. Les saisons sont un peu plus marquées dans Saturne que dans Mars d’après l’obliquité de la ligne de ses pôles, et ces mêmes saisons sont un peu plus prononcées dans Mars que sur la Terre. Nous ferons pour Saturne la même observation que pour Jupiter : d’abord le soleil y doit être bien faible, puisqu’il est cent fois moins fort que chez nous, et ensuite, comme la planète tourne sur elle-même en dix heures et demie, les jours et les nuits y ont peu de durée et s’y succèdent très rapidement. Quant à l’année, elle y est de trente de nos ans. Pour ne plus revenir sur ces longues années, nous dirons tout de suite que pour Uranus, l’année est d’un peu plus de quatre-vingts ans, et que pour Neptune, elle est d’un siècle et demi. Ainsi un centenaire dans Neptune aurait vécu quinze mille ans !

Je n’ai rien à dire sur les saisons de cette dernière planète, qu’on ne peut observer que difficilement avec les détails convenables à cause de sa grande distance. La marche de son satellite indiquera approximativement sa rota-