Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/453

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et à cette heure du jour, n’a point d’ombre du tout. Sur notre terre, cette zone torride n’occupe pas tout à fait la moitié de la surface du globe, car il faudrait qu’au lieu de s’arrêter à Syène, à la frontière sud de L’Égypte, elle s’avançât jusqu’au Caire ou plutôt jusqu’à la grande pyramide. Je ne sais si on a remarqué avant moi que les Égyptiens avaient placé ce gigantesque monument exactement sur le parallèle qui partage en deux parties l’hémisphère nord, en sorte que du parallèle de la grande pyramide au pôle il y a juste la même superficie que de ce parallèle à l’équateur. C’est une curieuse coïncidence, et qui ne peut être fortuite. Une des importantes conséquences que l’on en déduit, c’est que depuis quarante siècles les latitudes terrestres n’ont point sensiblement changé, car il est évident que les constructeurs de cette pyramide ont voulu la placer juste à 30 degrés de latitude, où elle est encore, partageant en deux parties égales notre hémisphère.

Or c’est à peu près vers la moitié de l’hémisphère de Mars que le soleil arrive au solstice, et si les habitans y ont construit une pareille pyramide, elle doit avoir le soleil au-dessus d’elle au plus grand jour de ce côté de l’équateur. Dans Mars, la zone torride occupe la moitié de la planète, tandis que sur notre terre elle n’en possède qu’un peu plus des trois huitièmes. Dans chaque hémisphère de Mars, la zone torride occupe 30 degrés de latitude, la zone tempérée 30 degrés, et la zone glaciale 30 autres degrés. La première de ces zones occupant à elle seule autant d’espace superficiel que les deux autres réunies, Mars offre une teinte rougeâtre que l’on a attribuée à la couleur de ses terrains, colorés en rouge par l’oxyde de fer ; d’autres ont voulu y voir une végétation de plantes de cette couleur. Dans ce cas, sa couleur serait variable avec les saisons de la planète, ce qui n’a point encore été observé. Le soleil pour Mars est environ deux fois moins chaud que pour la Terre, et par suite, c’est de toutes les planètes celle dont les influences solaires se rapprochent le plus de la Terre ; car Vénus, qui a le soleil deux fois plus chaud que la Terre, diffère d’une unité entière, dans la chaleur qu’elle reçoit, de la chaleur que reçoit la Terre, tandis que Mars n’en diffère que d’une demi-unité.

Uranus, Vénus et Mercure font une catégorie à part pour les saisons. Dans chacune de ces planètes, le soleil s’avance tellement près des pôles, qu’il ne laisse aucune place à une zone tempérée. Mettant de côté Uranus, où les rayons du soleil sont quatre cents fois plus faibles que sur la Terre, et Mercure, qui fait sa révolution analogue à notre année en 88 jours avec un soleil sept fois plus brûlant que le nôtre, et des jours de 24 heures 5 minutes, il nous reste à voir ce que la théorie et l’observation donnent pour les saisons et les climats de cette belle planète, ingens sidus, comme dit Pline.

Les diverses mesures de l’inclinaison de l’axe de Vénus ne sont guère susceptibles de précision, mais toutes s’accordent à nous montrer qu’à chaque solstice le soleil de quatre mois en quatre mois passe du voisinage d’un pôle à celui du pôle opposé. On trouve dans l’Astronomie de M. Arago que le soleil arrive jusqu’à 15 degrés de chaque pôle de Vénus, tandis que les observations du père de Vico à Rome, dans une localité unique pour la transparence de l’air, donnent au moins 23 ou 25 degrés pour cette distance. Si l’on compare donc Vénus à notre terre et que l’on mette cette dernière à