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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/593

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DU ROMANESQUE
DANS
L’ESPRIT LITTÉRAIRE

POÉSIES ET SOUVELLES, par Mme d’Arbouville.[1]


Il est facile de parler des auteurs dont on ne connaît que les ouvrages. On peut ne point penser à eux, et en les lisant s’occuper exclusivement de ce qu’on lit, ou si le genre de leurs écrits, le caractère de leur talent, ramènent naturellement l’attention sur leur personne, on cherche à se la représenter par hypothèse, et on la conçoit à l’image de leurs idées. Rien n’est moins sûr, je le sais, que cette sorte de conjectures ; nous ne ressemblons pas toujours à nos œuvres, et l’art est plein de feintise : bien habile qui ne s’y laisse pas tromper ; mais enfin c’est un attrayant effort d’esprit que de chercher l’homme dans l’auteur, et de remonter de l’effet à la cause. En tout cas, et si l’on se défie de ce genre de recherche, reste la ressource de n’avoir affaire qu’au livre, et l’on se met à l’aise avec la pensée écrite. On la juge en elle-même et pour ainsi dire comme une chose. S’il en faut dire son avis, on ne consulte que son intelligence et son goût, et l’on prononce avec une parfaite indifférence. Je doute que cette indifférence ajoute à la sagacité, tout au contraire, et là comme dans d’autres affaires il peut arriver que trop d’impartialité

  1. 3 vol. in-8o, librairie d’Amyot, rue de la Paix.