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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 1.djvu/798

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des Franks en Germanie, les balaierait au-delà du Rhin. « Déjà même, assuraient-ils, leurs troupes avaient détruit une division de l’armée de Charlemagne sur les bords du Weser ; bientôt la Germanie tout entière serait debout : quelle plus belle occasion pour les peuples d’assurer à jamais leur liberté ? » Ce message causa parmi les Huns une émotion profonde. Les souffrances de la dernière campagne avaient créé chez eux un parti de la paix ; le ressentiment et l’espérance entretenaient le parti de la guerre : on se disputa, on en vint aux mains, et les deux chefs qui avaient provoqué et conduit les expéditions d’Italie et de Bavière, le kha-kan et le ouïgour, furent massacrés. Le parti de la paix triomphait ; il choisit pour kha-kan un certain Tudun, lequel s’empressa d’envoyer à Charlemagne une ambassade chargée de lui déclarer que son peuple et lui se mettaient à la merci du roi des Franks, et que pour son compte il recevrait volontiers le baptême. Charlemagne accueillit mal le message et les messagers, soit qu’il doutât de la sincérité de la proposition, soit que dans l’état des choses il lui convînt de frapper à la fois deux grands coups sur deux peuples païens qui avaient cherché à s’entendre.

L’ambassade congédiée rentra en Hunnie, et l’on apprit bientôt que la division friouloise et carinthienne de l’armée d’Italie passait les Alpes sous la conduite du duc de Frioul Héric, général expérimenté et plein d’ardeur, et pénétrait en Pannonie, tandis que les Saxons étaient pourchassés par des forces supérieures entre l’Elbe et l’Oder. Le plan de campagne de Charlemagne à l’égard des Huns fat de les attaquer, comme la première fois, par l’Italie et la Bavière, en faisant marcher sa seconde armée directement sur la Theiss par la rive gauche du Danube, en même temps qu’Héric mettrait à feu et à sang les contrées de la rive droite. Le jeune roi Pépin, qui se trouvait près de lui, devait prendre le commandement de l’armée occidentale. Tout se passa comme il l’avait prévu. Héric assaillit, au printemps de l’année 796, un des rings intérieurs de la Hunnie, et y trouva un immense butin, qui fut envoyé à Aix-la-Chapelle. Ce fut ensuite le tour du roi Pépin, qui, marchant résolument jusqu’aux plaines marécageuses de la Theiss, eut la gloire d’assiéger et de prendre le ring royal, habitation des kha-kans et lieu de dépôt du trésor de la nation. En vain Tudun, frappé de crainte, était venu près du jeune roi pour le fléchir et obtenir rémission : Pépin ne s’arrêta point jusqu’à ce qu’il eût mis le pied dans ce sanctuaire de la nationalité avare, et que l’étendard du protecteur de l’église, qui venait de recevoir en hommage du pape les clés de la confession de saint Pierre, flottât sur l’ancienne demeure du fléau de Dieu. La paix fut conclue sur les ruines du ring, et Tudun avec