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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/142

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hollandaise, était en effet destiné à recevoir les orphelins et les femmes accablées par l’âge ; mais aujourd’hui il n’y a plus que des orphelins. Nous choisirons pour visiter cette maison l’heure la plus intéressante de la journée : c’est le soir. La porte de la rue s’ouvre sur une salle basse, obscure et pavée en dalles bleues. Un long corridor, froid et humide comme les allées d’une cathédrale, vous conduit à une cour dans laquelle les enfans jouent pendant la journée. Cette cour est encadrée par quatre ailes de bâtimens percés de fenêtres hautes. Au rez-de-chaussée se tiennent les classes : ce sont de grandes salles, pavées en briques jaunes comme les trottoirs des rues de La Haye, avec deux rangées de pupitres et de bancs de bois. Vous chercheriez en vain sur les murs gris des ornemens ou des tableaux pour reposer vos yeux. L’austérité calviniste règne ici dans toute son orthodoxie.

Les enfans y reçoivent l’instruction scolaire jusqu’à leur quatorzième année. Un maître et deux sous-maîtres sont attachés à l’établissement ; quelquefois on choisit ces répétiteurs parmi les élèves. Les deux sexes sont confondus dans les classes et séparés dans tous les autres exercices. L’éducation est avant tout élémentaire et pratique ; elle ne se propose pas de faire des savans, elle se propose de faire des ouvriers. À côté des classes sont les ateliers. À la lueur de mornes chandelles, des jeunes filles, assises sur des bancs et rangées le long des tables, sont occupées à des ouvrages d’aiguille. Beaucoup de personnes de la ville fournissent à l’établissement des commandes de couture. De temps en temps on charme la monotonie de ces travaux par des chants. Les orphelines cousent et tricotent pour l’établissement jusqu’à huit heures du soir, et de huit à neuf heures pour elles-mêmes. L’argent qu’elles gagnent ainsi est employé à leur toilette. La maison leur fournit un costume uniforme, mais elles ajoutent à ce costume quelques ornemens qui n’en dénaturent point le caractère : un bonnet d’étoffe plus fine pour le dimanche, un tablier blanc avec des plis, un mouchoir de soie pour le cou, quelquefois même une broche ou une bague en or. Le vêtement ordinaire et tel qu’il est donné par l’établissement ne manque d’ailleurs pas de style. Les orphelines de la diaconie calviniste à La Haye portent une robe de laine noire avec des manches courtes et serrées ; leurs bras sont revêtus de longues mitaines blanches, et leurs épaules couvertes d’un double mouchoir, l’un en calicot, l’autre en mousseline ; un bonnet de batiste, d’une forme singulière, encadre la tête, dont on ne voit point les cheveux. Ce vêtement est historique ; c’est celui qu’on retrouve dans les anciens portraits de l’école flamande. Les garçons ne travaillent pas dans l’établissement. Dès qu’ils ont atteint leur quatorzième année, ils sont placés en apprentissage chez