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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/312

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travail et des capitaux qu’elle emploierait; elles seraient inutiles, elles n’existeraient pas. En effet, une fois leur capital absorbé par les premières opérations d’escompte, elles seraient obligées de chômer jusqu’à l’échéance des effets qu’elles auraient reçus dans leurs portefeuilles. D’ailleurs le crédit n’est utile à l’industrie et au commerce qu’à la condition que le prix auquel il se donne, le taux de l’escompte, soit très inférieur à la moyenne des profils industriels et commerciaux; il arriverait donc l’une de ces deux choses : ou les banques voudraient obtenir pour leur capital la moyenne des revenus ordinaires des autres entreprises, et dans ce cas le prix qu’elles mettraient à leurs services les rendrait onéreux et par conséquent inutiles au commerce; ou bien elles consentiraient à escompter à meilleur marché, et dans ce cas le taux de leurs escomptes établirait le chiffre du revenu de leur capital au-dessous de la moyenne des profits des autres entreprises; elles seraient donc de mauvaises affaires et ne trouveraient pas de fonds pour se constituer. Les discussions qui se sont récemment élevées à propos du capital de la Banque de France ont montré qu’il règne une grande confusion chez certains esprits sur l’importance du capital des banques parmi leurs ressources. Comme nous aurons à revenir sur cette question, il n’est peut-être pas inutile de s’y arrêter la première fois qu’elle se présente à nous.

Pour avoir une idée juste de la place que doit occuper)e capital parmi les ressources d’une banque, il ne faut pas perdre de vue le rôle que joue le capital dans les entreprises de commerce et d’industrie. Que représente le capital dans une entreprise d’industrie? Il représente la somme des avances que cette entreprise est obligée de faire au travail jusqu’à l’époque de l’achèvement et de la vente du produit. Dans l’industrie proprement dite, cette avance se décompose en deux parts. Il faut que le manufacturier immobilise une certaine portion de capital dans la construction de son usine et dans l’acquisition et l’installation de ses machines : c’est ce que l’on appelle le capital fixe; il faut en outre qu’il puisse faire l’avance de la somme nécessaire à l’achat des matières premières sur lesquelles s’exercera son industrie, et de la somme nécessaire pour payer les salaires de ses ouvriers jusqu’au moment où il aura assez de produits fabriqués pour les vendre et retrouver dans la réalisation le moyen de continuer ses avances en achats de matières premières et en salaires. C’est cette somme que l’on appelle le capital de roulement, et il est évident qu’elle doit être proportionnée à la puissance de l’usine, à la quantité de travail qu’elle peut employer, à la rapidité de la production et au délai qu’entraîne le placement des produits. Dans le commerce proprement dit, qui se borne à l’échange des produits.