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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/316

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et la circulation de leurs billets, le moyen d’assurer au crédit la continuité et l’expansion progressive dont il a besoin. Les banques, avons-nous dit, par l’émission de leurs billets, empruntent à ceux-mêmes à qui elles prêtent. Sur quoi prêtent-elles et que prêtent-elles? que représentent les effets de commerce qu’elles escomptent, et que représentent leurs billets? Les effets de commerce escomptés par les banques sont les titres des dettes particulières qui n’arrivent pas à se compenser directement dans le mouvement naturel des affaires industrielles et commerciales, et nous venons de voir que si ces obligations particulières ne peuvent point éteindre par des compensations directes les dettes qu’elles représentent, c’est qu’elles ne sont point douées de propriétés de circulation suffisantes. Les banques en les escomptant retirent de la circulation ces titres des dettes particulières, et leur substituent pour une somme égale leurs billets. Or, leurs billets sont les titres d’une dette générale, uniforme et remboursable à chaque instant, qu’elles contractent elles-mêmes vis-à-vis du public; mais leurs billets sont éminemment propres à la circulation : ils sont indéfiniment transmissibles et peuvent servir d’intermédiaire à toutes les transactions commerciales, puisqu’ils ont mie valeur fixe actuelle constamment égale à la somme en monnaie au remboursement de laquelle ils donnent droit. Il en restera donc toujours dans la circulation une quantité proportionnée aux besoins de la circulation elle-même. Si l’on réfléchit maintenant que les besoins de la circulation et les besoins du crédit sont également proportionnés au mouvement des échanges, on comprendra que les banques devront toujours trouver dans le crédit que la circulation accordera à leurs billets une ressource égale à la somme des crédits particuliers qui leur seront demandés, et que par l’émission de leurs billets elles devront équilibrer l’offre et la demande du crédit. Ainsi, une fois le crédit du billet de banque établi, lorsque la confiance publique, croyant à la promesse de remboursement à présentation et au porteur qu’il exprime, l’accepte et l’emploie comme intermédiaire de circulation dans les échanges, le mécanisme du crédit commercial est complété. L’escompte possède alors toute son élasticité naturelle : le crédit n’a plus de limite que d’un côté l’importance des opérations industrielles et commerciales auquel il est nécessaire, et de l’autre les conditions qui assurent la solidité du billet et la solvabilité des banques.

La solidité du billet de banque, la possibilité constante du remboursement à présentation qu’il promet, voilà la pierre angulaire de l’édifice du crédit. A ce grand intérêt, dont dépendent la continuité et le développement du crédit, viennent se rapporter les conditions que les banques mettent à leurs escomptes. Parmi ces conditions, il