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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/506

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de mathématiques à l’université de Londres, et qui occupe un rang très distingué dans la science, avait lu à la société philosophique de Cambridge, et plus tard inséré dans les Transactions philosophiques qu’elle publie, un mémoire sur les symboles logiques et la théorie du syllogisme, où il critiquait les idées de sir William, auxquelles il opposait les siennes. Sir William a sur-le-champ répondu par une longue lettre à l’Athenœum, où il se défend et rend critique pour critique. Cette lettre est insérée dans son livre, et accompagnée d’un commentaire étendu qui achève de faire connaître ses réformes en logique. Rien ne serait plus facile que de condenser tous ces fragmens et d’en faire un traité méthodique ; mais ce n’est pas le goût de sir William Hamilton que de rien finir : il aime mieux la controverse, et un double intérêt s’attachait à celle-ci. Il faut savoir que, tandis qu’Oxford a essayé de ranimer l’étude de la logique, Cambridge, qui se souvient d’avoir été le berceau de Newton, Cambridge, sous l’influence de M. Whewell, qui a commencé par les mathématiques sa carrière aujourd’hui philosophique, tend à substituer, comme discipline et comme gymnastique de la raison, les mathématiques à la logique, et sir William Hamilton a fortement attaqué, attaqué sans ménagement, et avec sa rigueur ordinaire, cette prétention offensante pour la science qu’il professe. La guerre est ouverte entre lui et les géomètres, et il y a de chaque côté peu de disposition à l’indulgence. On conteste à sir William tantôt la justesse, tantôt la nouveauté de ses vues, et lui, avec la sûreté d’une érudition sans rivale en ces matières, avec la sévérité un peu minutieuse de sa dialectique, il accuse ses adversaires tantôt de ne l’avoir pas compris, tantôt d’être étrangers soit au véritable esprit, soit aux antécédens textuels de la science dont ils se mêlent de parler. Cette discussion vaudrait la peine d’être analysée dans un journal spécial des sciences philosophiques, mais elle est prodigieusement technique : il vaudrait autant remplir ces pages de calcul différentiel que de les consacrer à cette analyse, et cependant il faudrait une exposition complète pour être en droit de hasarder un jugement sur le fond du débat. Bornons-nous à dire qu’aucun philosophe aujourd’hui ne nous paraît posséder au même degré que sir W. Hamilton la connaissance de l’ensemble et des détails de la logique, telle qu’elle a été comprise et enseignée dans tous les âges de l’esprit humain.

Nous ne voulons que donner une idée générale de ses travaux. Ce qui les signale et les recommande, c’est le savoir et la rigueur ; ce qui en fait l’originalité, c’est d’avoir porté le savoir et la rigueur dans une école où manquaient l’un et l’autre ; c’est d’avoir donné une forme scientifique à la foi naturelle, et raffermi sur ses bases une