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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/568

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marchandises, fonds publics et actions : les premières, représentées par le chiffre de 150,085,431 fr. ; les secondes, par le chiffre de 157,840,774 fr. On peut se rendre compte d’une autre façon de l’importance donnée par le Comptoir à ses prêts et avances en consultant son bilan au 30 juin 1855. Les avances sur fonds publics y figurent pour un peu plus de 6 millions de francs. Les valeurs provenant des sous-comptoirs et des escomptes de récépissés n’y sont pas spécialement désignées ; mais il est facile d’arriver à une estimation très approximative de l’importance qu’elles pouvaient avoir à cette époque dans le portefeuille du Comptoir. Les effets sur Paris y sont portés pour une somme de plus de 31 millions : comme il était entré pendant l’année 345 millions en effets sur Paris dans le portefeuille, et que dans ce chiffre les valeurs provenant des sous-comptoirs et des récépissés montaient à 134 millions, ces dernières valeurs devaient figurer dans la même proportion, c’est-à-dire pour un peu plus de 12 millions et demi, dans les 31 millions d’effets sur Paris en portefeuille au 30 juin 1855. La proportion devait même être un peu plus forte, car à cette époque il y avait en circulation près de 23 millions d’effets réescomptés par le Comptoir, et il est probable que le Comptoir réescompte plutôt les valeurs commerciales que les valeurs créées par les prêts, et garde dans son portefeuille une plus grande proportion de celles-ci. Les 6 millions d’avances sur fonds publics, ajoutés aux 12 millions et demi d’effets provenant des sous-comptoirs et des récépissés de marchandises donnent donc 18 millions et demi comme le chiffre approximatif des fonds du Comptoir engagés, au 30 juin 1855, dans les opérations de prêts ou avances sur marchandises, fonds publics et actions. On voit que ce, chiffre, probablement inférieur au chiffre réel, était presque égal au capital du Comptoir.

Voilà le fait qui dans la situation et la marche du Comptoir d’escompte de Paris nous paraît devoir être le plus attentivement considéré.

Cette tendance du Comptoir d’escompte à engager, en prêts sur nantissemens de marchandises et de titres, une si grande portion de ses ressources, pourrait, s’il y persévérait, être discutée à deux points de vue, au point de vue de la sécurité du Comptoir et au point de vue des principes du crédit commercial.

Dans les temps réguliers, les opérations de prêt ne sauraient compromettre la sécurité du Comptoir. Pour les plus importantes de ses avances, celles qui se font par l’intermédiaire des sous-comptoirs, le Comptoir d’escompte a une double garantie : d’abord les marchandises ou les titres que les sous-comptoirs retiennent en nantissement, et dont la valeur au prix du jour est toujours supérieure au montant des avances ; ensuite le capital même des sous-comptoirs