Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 2.djvu/575

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles n’agissent que sur les capitaux de roulement existans dans les pays où elles fonctionnent. Nous avons vu, en nous occupant de la Banque de France et du Comptoir d’escompte, à l’aide de quelles ressources ces établissemens dispensent leur crédit. Ils ont d’abord leur propre capital ; ils ont ensuite les fonds qui leur sont déposés temporairement en comptes-courans ; la Banque de France a enfin la circulation de ses billets, dont la convertibilité immédiate en numéraire est assurée par sa réserve métallique. Le capital des établissemens d’escompte est un capital de roulement. Les ressources provenant des comptes-courans résultent des fonds de roulement du commerce et de l’industrie, qui viennent de recouvrer leur disponibilité en sortant d’opérations terminées, qui ne sont point encore réengagés dans des opérations nouvelles, et qui sont momentanément sans emploi. Quant à la circulation des billets de banque, elle est la contre-valeur des effets de commerce que la Banque a escomptés et possède dans son portefeuille ; mais ces effets représentent la portion des fonds de roulement transformés en produits qui s’acheminent vers la consommation : la circulation des billets de banque représente donc cette portion des fonds de roulement, et, en acceptant cette circulation, le commerce, l’industrie et le public font crédit à la Banque jusqu’au moment de la réalisation des produits en numéraire. Ainsi les établissemens d’escompte font crédit aux fonds de roulement engagés au moyen des fonds de roulement momentanément disponibles qu’ils attirent et centralisent dans leurs caisses. En réalité, les banques ne sont qu’un mécanisme de centralisation et de diffusion ; à l’aide duquel le capital de roulement consacré au commerce et à l’industrie d’un pays se fait prédit à lui-même. Toute la puissance des banques se borne à fournir à ce capital les moyens de suffire aux évolutions exigées de lui par les rapports de la production avec la consommation. Ces évolutions correspondent toutes, il est vrai, à un travail accompli sur la marchandise, à une augmentation de valeur donnée à la matière première, à une création de richesse, et en ce sens les établissemens de crédit commercial concourent à l’augmentation de la richesse générale et à la formation de nouveaux capitaux ; mais ce n’est la qu’une action indirecte. Directement les banques ne créent pas de capital de roulement qu’elles puissent mettre à la disposition de la production ; elles ne peuvent agir au contraire qu’avec et sur les capitaux de roulement déjà existans, et que la production met en œuvre.

L’action du crédit commercial se borne, disons-nous, à fournir aux capitaux de roulement les moyens de suffire aux évolutions réclamées d’eux par les rapports de la production avec la consommation. Nous venons de voir comment les banques sont sous la dépendance