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à 103,179,308 fr. 64 cent. Il n’en était employé en placemens à échéance déterminée que 84,325,390 fr. 9 cent., ainsi décomposés : 14,029,283 fr. 67 cent, en bons du trésor et effets divers, 37,792,901 fr. 25 cent, en reports, et 32,503,205 fr. 17 cent, en avances sur actions et obligations[1].

Nous ne voyons point d’observation importante à faire sur les comptes courans et sur l’emploi que le Crédit mobilier donne à leurs ressources. Au moyen des comptes courans, il centralise les fonds disponibles des compagnies avec lesquelles il est en relation ou les dépôts des particuliers, et, par les placemens qu’il fait de ces fonda, il les utilise au service de l’état quand il prend des bons du trésor, au service de la ville de Paris quand il prend des bons de la boulangerie émis pour fixer le prix du pain au-dessous du cours des mer curiales, au service de la construction des chemins de fer quand il prend des bons de chemins de fer, au service de la spéculation sur les valeurs quand il fait des reports. Il est un autre service dont les moyens sont pris sans doute sur cette branche de ressources ; nous voulons parler de celui que le Crédit mobilier rend à certaines compagnies pour faciliter leurs appels de fonds, en offrant aux actionnaires de ces compagnies de faire, moyennant intérêt, l’avance de leurs versemens, et c’est probablement cet emploi qui figure dans le bilan sommaire de 1855 sous le titre d’avances sur actions et obligations. Nous ferons remarquer, quant aux reports qui constituent un placement réalisable de mois en mois sur la rente, de quinzaine en quinzaine sur les actions, que la quotité des sommes que le Crédit mobilier y consacre ne peut être fixe et régulière. En effet, comme c’est celui de ses placemens qui naturellement engage ses ressources pour la moins longue période, il en est le plus mobile ; c’est donc sur les fonds employés en reports, puisqu’ils sont les plus disponibles, que le Crédit mobilier doit prélever les sommes qui peuvent lui être momentanément nécessaires, soit pour parer aux

  1. M. Isaac Pereire disait dans son rapport sur l’exercice 1854 : « Quels que soient les avantages et la sécurité que présentent les placemens sur actions et obligations, désignés dans notre comptabilité comme placemens fixes, bien qu’ils soient l’objet de transformations incessantes suivant les chances de variations prévues dans les cours, nous sommes restés sous ce rapport dans les limites de notre capital. » Pourquoi la direction du Crédit mobilier, qui faisait valoir cette sagesse de conduite en avril 1855, s’en est-elle écartée dans le cours de la même année ? M. Isaac Pereire disait encore dans son premier rapport : « Nos obligations émises à courte échéance devront correspondre à nos divers placemens temporaires. » Les dépôts en comptes courans constituent pour le Crédit mobilier des engagemens de même nature que les obligations à courte échéance, et l’on a vu que les statuts assimilent ces deux sortes d’engagemens, en fixant la limite à laquelle le Crédit mobilier peut en porter le montant cumulé. L’emploi des dépôts, dans l’esprit des statuts et des déclarations du président de la société générale, ne devrait donc être affecté qu’à des placemens temporaires.