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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/683

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le programme de l’organisation d’une bibliothèque ; au fond, c’est une idée très philosophique qui préside à la conception de ce classement et de ce catalogue. Dans la pratique, bien des difficultés pourront sans doute se présenter, et cette classification pourra avoir ses embarras, ses incertitudes. M. Palermo, en rattachant un fait de bibliographie qui semble à première vue tout pratique aux questions les plus élevées de la pensée humaine. Il est à souhaiter qu’il réussisse dans son idée d’ordonner sur ce plan nouveau la bibliothèque palatine de Florence.


CH. DE MAZADE.


L’INDUSTRIE CONTEMPORAINE, SES CARACTÈRES ET SES PROGRÈS CHEZ LES DIFFÉRENS PEUPLES, par M. A. Audiganne[1]. — Pour les économistes comme pour les industriels, l’exposition de 1855 demeurera longtemps ouverte. La foule a assisté au spectacle, et l’on peut dire que cette représentation extraordinaire a été tout au bénéfice du génie moderne, si glorieusement représenté dans ses œuvres les plus parfaites ; mais comment ces œuvres ont-elles été créées ? Par quels triomphes successifs, par quelles assimilations ingénieuses, l’industrie, éclairée par la science ou s’inspirant des principes les plus élevés de l’art, est-elle parvenue à dompter ou à transformer la matière ? Quels sont les pays qui, dans ce concours universel des forces productives, ont montré le plus de savoir, d’intelligence, ou de goût ? Enfin par quels procédés arrive-t-on, dans les diverses régions manufacturières, à diminuer les prix de revient et à faire participer le plus grand nombre aux bienfaits d’une consommation économique ? — Voilà les enseignemens qui doivent résulter des expositions de 1851 et de 1855. M. Audiganne a étudié la dernière exposition à ces différens points de vue, et il a pu ainsi observer sous tous ses aspects l’industrie contemporaine. Il y a de la méthode dans les divisions de son travail, et ce n’est pas en pareille matière un mince mérite. L’exposé des découvertes industrielles, sans être hérissé de démonstrations ni de termes techniques, est clair et succinct ; les caractères de la production dans chaque pays sont décrits en traits rapides et nets ; enfin les titres des principaux exposans sont résumés avec impartialité. En même temps, l’auteur nous semble avoir parfaitement entrevu les conséquences de l’exposition universelle et l’influence que celle-ci doit exercer dans un avenir prochain sur la législation internationale. Nous croyons devoir citer a ce sujet un passage extrait du chapitre qui termine son livre : « A propos du concours ouvert à Londres en 1851, dit M. Audiganne, on a déjà signalé le sens pacifique de ces grandes assises de l’industrie qui rapprochent les peuples, et, en mêlant leurs intérêts, leur font voir qu’ils sont tous associés dans une même lutte pour étendre la domination de l’homme sur la matière. Plus les nations ont de rapports entre elles, et plus, en reconnaissant la communauté des lois générales auxquelles la Providence les a soumises, elles doivent comprendre l’étroite parenté qui les unit. S’il est encore possible que des divisions surgissent entre les peuples, il y a du moins plus de chance qu’autrefois pour qu’elles ne se produisent point pour des raisons futiles, ou ne se prolongent point indéfiniment. — N’avons-nous

  1. Un vol. in-8o, Paris 1856, Capelle, éditeur.