Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/865

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et celui que M. Filippi a découvert chez un hyménoptère de la fa mille des ptéromaliens[1], auquel il n’a pas, croyons-nous, donné encore de nom spécifique. Comme un grand nombre de ses proches parens, cet insecte, à en croire le savant professeur de Turin, déposerait ses œufs dans l’œuf même d’un petit coléoptère[2] qui fait beaucoup de mal aux vignes en rongeant les bourgeons et en roulant les feuilles pour y déposer ses œufs (rynchites betuleti). De l’œuf du ptéromalien sortirait un animal assez semblable à un infusoire transparent, à structure presque homogène, présentant en arrière quelques anneaux hérissés de poils et une longue queue qu’il agite avec vivacité. À l’intérieur de cette fausse larve germerait lentement une sorte de ver armé de deux mâchoires, qui envahirait peu à peu tout le premier animal, puis repousserait l’espèce de tégument formé de la dépouille de son parent, et se changerait alors en nymphe pour devenir bientôt un insecte parfait. On voit qu’il s’agit encore ici d’un cas des plus simples. Le scolex produit directement le proglottis, mais celui-ci n’arrive à l’état parfait qu’en subissant une métamorphose. Si nous rapportons ce fait particulier à ce qui se passe chez les papillons, nous pourrons dire : De l’œuf est sortie une chenille nue, qui a produit par bourgeonnement interne une chenille velue, laquelle s’est transformée d’abord en chrysalide et plus tard en papillon.

Des cinq classes composant le sous-embranchement des annelés supérieurs ou annelés à pieds articulés, les insectes seuls paraissent se reproduire par généagénèse ; on n’a du moins encore rien observé de semblable chez les myriapodes, les arachnides, les crustacés ou les cirrhipèdes. Ce phénomène se rencontre au contraire chez un grand nombre de vers, c’est-à-dire chez les annelés inférieurs. Sans parler des helminthes, dont l’histoire mérite d’être traitée à part, nous le voyons se montrer chez des annélides, chez des némertiens, chez des naïs, petits vers aquatiques voisins des vers de terre, etc. Dans tous ces groupes, la généagénèse revêt des caractères particuliers, elle est depuis longtemps connue sous le nom de génération fissipare. Ici l’animal se coupe de lui-même en deux, d’ordinaire par le travers. Chez quelques planaires et certaines naïs, la division a lieu sans préparation apparente, et chaque moitié, ainsi isolée, se complète en produisant par bourgeonnement la queue ou la tête qui lui manque. Pendant plusieurs générations, les individus produits de la sorte sont neutres aussi bien que le parent ; puis, sous l’empire de conditions encore inconnues, les sexes se montrent, et l’espèce se

  1. L’ordre des hyménoptères renferme tous les insectes à quatre ailes membraneuses qui se rapprochent de l’abeille. Les ptéromaliens forment une famille dans cet ordre.
  2. Les coléoptères, vulgairement scarabées, ont une seule paire d’ailes membraneuses recouvertes à l’état de repos par des élytres cornées.