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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 3.djvu/871

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mais en automne le tissu de la spongille se farcit pour ainsi dire de petits corps arrondis, d’un blanc jaunâtre, enveloppés d’une coque assez résistante, et qu’on regardait autrefois comme des graines. Sont-ce là de véritables œufs ? sont-ce de simples germes ? Bien qu’on ne puisse y distinguer ni vitellus, ni vésicule de Purkinje, ni tache de Wagner, bien que la sphère unique qui les compose paraisse homogène, peut-être à cause de son opacité, la première détermination nous paraît la mieux fondée. Toujours est-il que ces corps reproducteurs survivent à la destruction du parenchyme qui les renferme, et se développent au printemps en autant de spongilles, qui toutes peuvent en enfanter un certain nombre d’autres par les procédés indiqués plus haut. Chacun de ces œufs ou germes est donc capable de produire non pas un seul, mais bien plusieurs individus procédant indirectement de lui, directement les uns des autres, et par conséquent nous pouvons ranger la spongille parmi les animaux qui se propagent par généagénèse.

À plus forte raison, en dirons-nous autant des infusoires. Ici encore il est permis de mettre en doute la nature des corps reproducteurs qui, selon toute probabilité, ouvrent le cycle des transformations, ou mieux des générations[1]. Par suite peut-être seulement de leur extrême petitesse, on ne peut y reconnaître les parties que nous avons vues entrer dans la composition d’un œuf complet. Au lieu de trois sphères emboîtées, on distingue à peine une seule sphère homogène transparente, pouvant se transformer de toute pièce en monade, c’est-à-dire pouvant revêtir la forme des êtres qui sont pour nous le dernier terme de la création vivante ; mais cette forme se modifie, et l’on voit apparaître des transformations, des métamorphoses, des généagénèses, malheureusement encore ; bien incomplètement connues, et seulement chez un petit nombre d’espèces. Déjà pourtant l’on peut soupçonner qu’ici les phénomènes de reproduction sont plus variés encore que dans aucun des groupes que nous

  1. L’existence des corps reproducteurs chez les infusoires a été vivement niée et alarmée à diverses reprises et par plusieurs naturalistes. Malgré les perfectionnemens immenses apportés depuis vingt ans au microscope, la discussion dure encore, l’excessive petitesse des objets, les difficultés extrêmes d’une observation suivie, la rapidité des phénomènes, ou leur grande lenteur sous l’empire de circonstances restées inconnues, retarderont longtemps encore la solution définitive de ce problème. Toutefois mes observations personnelles en ce point s’accordent parfaitement avec celles qu’ont publiées MM. Ebrenberg, Pouchet, et plus récemment MM. Focke et Jules Haime. Je crois donc à la réalité de ces germes, dont l’existence n’est nullement incompatible avec les phénomènes découverts par MMi Stehv Pineau, etc. Bien au contraire, en admettant que ces observateurs ont eu sous les yeux les phases différentes d’un développement généagéoétique, on fait aisément rentrer dans un groupe de faits de mieux eu mieux connus les phénomènes en apparence les plus anormaux.