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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 6.djvu/473

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VI.


UN SECRET.


Les gens graves l’ont pris très haut.
Ils m’ont traité de fou, d’infâme,
Mais ils n’ont point dit un seul mot
De ce qui me déchire l’âme.

Ils ont fait bien des embarras.
Ils ont gémi, sur ma parole;
Je suis un misérable, hélas!
Et tu les crois, petite folle!

Mais ils n’ont pas su, par bonheur,
La pire chose et la plus bête :
Celle-là, je l’ai dans mon cœur.
Et je la garde bien secrète.


VII.


LE FOND DU CŒUR.


Ainsi que dans la mer, dans les flots en courroux
De la lune tremble l’image.
Tandis qu’au firmament l’astre paisible et doux,
Suivant sa loi, fait son voyage,

Ainsi, tandis que toi tu vas sur la hauteur
Calme et tendant au but suprême,
Ta douce image, enfant, tremble au fond de mon cœur :
C’est que mon cœur tremble lui-même !


VIII.


LE REVE.


J’ai vu ma bien-aimée en rêve :
Une épouvantable douleur
Avait arrêté toute sève.
Avait desséché toute fleur.

Elle avait un enfant débile
Sur le bras, un autre à la main;
Son regard, sa marche inhabile.
Criaient la misère et la faim.

Comme elle traversait la place,
J’accourus, la tristesse au cœur
(La pitié fit fondre la glace).
Et je lui dis avec douceur :