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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 6.djvu/898

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prolongera votre chagrin et votre indisposition jusqu’à ce que vous l’ayez quitté ? Le remède propre contre tous ces inconvéniens, c’est un nouveau mari. Et de savoir si vous devez admettre ce spécifique contre de tels maux, c’est une question dont l’examen ne demande pas beaucoup de temps. Savoir si vous devez constamment porter le mélancolique vêtement de veuve ou briller de nouveau parmi les femmes, si vous voudrez passer le reste de vos jours gaiement ou en tristesse, en santé ou en maladie, ce sont des questions faciles à décider. En outre, vous serez plus en état de vivre conformément à votre rang avec l’assistance d’un mari que sur votre seul revenu. C’est pour quoi, supposé que la personne proposée vous plaise, je ne doute pas que d’ici à peu de temps vous ne me fassiez connaître votre disposition à vous remarier ou que du moins vous accorderez à cette personne la permission d’en causer avec vous.

« Je suis, madame, votre très humble et très obéissant serviteur. »


Il ne paraît pas que la dame ait été convaincue. Peut-être aurait-elle désiré qu’on invoquât un peu moins la raison et les règles de la logique, et cette manière d’aimer devait convenir médiocrement à l’âme tendre peinte dans les premières lignes de la lettre. Elle aurait pu dire sans doute comme le mathématicien qui venait d’entendre Phèdre : « Qu’est-ce que cela prouve ? » Heureusement que New l’on peut être défendu contre le ridicule amour sans passion qu’on lui prête à soixante ans. Cette lettre a été trouvée parmi ses papiers, mais elle n’est pas de sa main, et peut avoir été écrite par un ami ou par un plaisant. Le mari de miss Barton, M. Conduitt, l’avait, il est vrai, copiée, et pensait peut-être à l’imprimer dans la vie de Newton qu’il préparait ; mais M. Conduitt lui-même peut n’avoir pas su la vérité sur cette aventure.

Oublions ces puérilités, et revenons à des sujets qui montrent Newton passionné. C’était alors le temps de ses dernières discussions avec Flamsteed et de la publication par ordre des observations de l’astronome royal. La Société royale de Londres était fort divisée. Une discussion très vive s’était établie entre deux de ses membres, le docteur Sloane et le docteur Woodward. Le premier, d’origine écossaise et né en Irlande, est connu par un ouvrage sur l’histoire naturelle de la Jamaïque et par de nombreux articles publiés dans’ es Transactions philosophiques. Il concourut à la création du British Muséum en laissant à l’état une collection d’histoire naturelle et une bibliothèque de 50,000 volumes et de 3,566 manuscrits. Le second était professeur de physique la Gresham-Collège ; il fit aussi un ouvrage sur l’histoire naturelle, et forma des collections de fossiles qu’il légua à l’université de Cambridge. Un pamphlet[1] avait été publié contre la Société royale ; Sloane l’était assez maltraité, et

  1. The Transactioneer, with some of his Philosophical Francies.