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les autres montagnes volcaniques sont placées dans le voisinage de cette ligne ; elles forment pourtant quelquefois de petits groupes transversaux, dirigés du nord-ouest au sud-est, comme par exemple les quatre montagnes voisines de Dïeng, de Telerep, de Sendoro et de Sumbing.

Par une coïncidence vraiment singulière, cette direction des alignemens partiels et transversaux est précisément celle des grandes chaînes de Sumatra, et réciproquement les volcans connus de Sumatra sont rangés à peu près sur une ceinture rigoureusement parallèle à l’axe principal de Java. Ce fait remarquable prouve une fois de plus que les volcans s’alignent dans le sens des fractures produites à la surface du globe par les phénomènes de soulèvement qui déterminent la forme des îles et la direction des chaînes de montagnes. Dans la partie centrale et orientale de Java, les volcans sont isolés, mais dans la région occidentale ils forment deux chaînes montagneuses, séparées par une vallée longue et assez élevée. Quand on parle de volcans en ligne, il ne faut pas toujours entendre une ligne unique ; les cratères actifs ou éteints du groupe des îles Sandwich forment deux lignes voisines parallèles, et les gigantesques volcans des Andes de Quito sont rangés sur des chaînes parallèles, séparées par de hauts plateaux pareils à d’immenses voûtes et fréquemment ébranlés par des tremblemens de terre. À Java, il n’y a pas moins de quatorze bouches volcaniques sur les deux crêtes parallèles qui occupent la partie la plus occidentale de l’île dans un espace qui n’a que 40 kilomètres de longueur sur 16 kilomètres de largeur. Une pareille agglomération de volcans est un fait très remarquable : dans la partie orientale de l’île, on trouve aussi huit montagnes volcaniques, assemblées dans un espace très étroit, le Tengger, le Séméru, le Lamongan, le Ringgit, l’Ajang, le Raon, le Buluran, l’Idjeng et le Ranté. L’île tout entière est, pour ainsi dire, criblée de passages par lesquels les vapeurs souterraines peuvent se dégager ; la pression de ces vapeurs ne devient donc jamais assez forte pour amener jusqu’à la bouche des volcans des laves en fusion qui puissent s’écouler par les cratères ou par des fissures ouvertes dans les flancs de la montagne. On ne trouve dans Java aucune coulée de cette nature comparable à celles du Vésuve, de l’Etna et de l’Islande. Les volcans n’y rejettent, avec une quantité incroyable de vapeur d’eau et de vapeurs acides, que des débris fragmentaires et des cendres. C’est sans doute parce que les appareils volcaniques sont si rapprochés à Java que les tremblemens de terre sont insignifians et purement locaux. Ils sont très fréquens, mais faibles, et paraissent n’avoir aucune connexion intime avec le phénomène des éruptions volcaniques. Sur cent quarante-trois tremblemens de