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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/365

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Il est un fait bien remarquable, c’est que les volcans des Andes, dont les éruptions semblent se rapprocher le plus de celles des volcans javanais, nous fournissent aussi les exemples les plus frappans de ruptures et d’écroulemens semblables. M. de Humboldt en donne pour exemples le Garguairazo, les deux pyramides d’Ilinissa, et le Capac-Urcu, aujourd’hui appelé Cerro-del-Altar. Il n’y a pas lieu de s’étonner que les volcans qui ne donnent point de laves soient ceux dont les formes subissent les altérations les plus rapides, parce que les éruptions gazeuses ont le caractère de véritables explosions. Léopold de Buch comparait le volcan régulier de Ténériffe à une tour défendue par un fossé et des bastions : il n’aurait pu voir dans la plupart des volcans javanais qu’un fort démantelé et déchiré par les brèches d’un siège. Il y en a quelques-uns dont la structure première est presque impossible à démêler : tel est celui qui porte le nom d’Idjeng. Il ne reste de l’enceinte primitive que quelques piliers séparés : sur un plateau qui s’étend à 1,800 mètres d’altitude au-dessus de la mer, s’élèvent jusqu’à dix cônes d’éruption ».V un d’eux, le mont Raon, est véritablement gigantesque : il a 3,1,60 métrés de hauteur. Le cratère du Raon est le gouffre le plus profond de tout Java : il a 3 kilomètres de largeur, et les parois ont 660 mètres de hauteur, de sorte qu’une pyramide quatre fois plus, élevée que la plus grande pyramide d’Égypte pourrait y être placée sans qu’on en aperçût le sommet.

En face du Raon, sur la marge opposée de l’ancienne enceinte, est le cône de l’Idjend proprement dit. Cette montagne fut visitée autrefois par le naturaliste français Leschenault de La Tour, qui vit, au fond du gouffre cratériforme creusé dans le sommet, un lac qui existe encore aujourd’hui, perdu à une immense profondeur. De tous les groupes volcaniques de Java, celui où les vestiges de la structure primitive sont le plus altérés, et qui présente les plus grandes singularités, est celui qui porte le nom de Dïeng. L’ancienne enceinte forme une crête montagneuse qui présente des pentes douces à l’extérieur, escarpées à l’intérieur. Le fond est aujourd’hui hérissé d’une multitude de petites sommités : on y voit de petits cônes d’éruption encore actifs, des solfatares et des lacs. Là se trouve la fameuse Vallée de la Mort de Java, vaste entonnoir d’où se dégage constamment de l’acide carbonique, et qui est rempli par les ossemens des animaux qui vont s’y aventurer. Le plateau principal a donné son nom au volcan ; situé à 3,000 mètres d’élévation au-dessus de la mer, il est couvert de pâturages et semé de rians villages.

Ce n’est pas seulement dans les cratères que se trahit l’activité volcanique ; on en rencontre des traces sur presque toute la surface de Java, parfois à de grandes distances des montagnes. On y trouve