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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/458

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publiait quelques lignes écrites, tout nous porte à le croire, par un des personnages les plus influens de la colonie. Nous les citerons textuellement :


« On ne peut voir sans surprise, après des années sans nombre, les mêmes révolutions se produire dans des contrées et au milieu de races entièrement distinctes. Derrière les frontières de la Thrace se cachait, il y a des siècles, une race de petits tyrans qui gouvernaient la Macédoine, tandis que les républiques de la Grèce, avançant en arts et en sciences, créaient une civilisation à laquelle la nôtre est encore inférieure en quelques points. Le nom de cette province éloignée se trouve à peine dans les historiens classiques, au milieu du brouillard qui pour eux enveloppait les confins du monde habitable. Tout à coup le nuage se déchire, et les hommes de la Macédoine apparaissent, qui, ayant par la ruse fomenté les jalousies nationales, conquis la Grèce malgré sa civilisation, ses guerriers, ses orateurs, emploient le courage, l’habileté, la science de ces mêmes Grecs à la conquête de l’Asie.

« Pendant des milliers d’années, le duc de Moscovie n’a-t-il pas été pour l’Europe un mythe tel que le prêtre Jean lui-même ? Quel soin, par exemple, prenait Wallenstein, conduisant ses bandes à Lutzen, du chef tartare éloigné que le grand Gustave lui-même ne connaissait que comme un voisin barbare ? Et cependant un siècle ne s’était pas écoulé que la maison de Hapsbourg reconnaissait son titre impérial ; deux siècles plus tard, cette fière maison devait la conservation de la couronne de saint Etienne à l’intervention d’un Romanof. Puisse l’Europe profiter de l’avertissement que nous donne l’histoire de la Grèce, car c’est une lutte de vie et de mort dans la Baltique, en Perse, dans le Pacifique, entre l’Europe et ce grand pouvoir qui du nord veille sur le monde, et dont l’ambition ne trouve rien de trop grand ou de trop petit, — le village de Bolgrad ou l’empire de la Chine !

« Communicated[1]. »


III

Les considérations qu’on vient de présenter ont montré le principe fondamental de la lutte où se trouve engagée l’Angleterre avec le Céleste-Empire, et la plus importante peut-être des causes qui ont précipité l’heure de la crise. Quels que soient les événemens qui se passeront dans l’Inde, quelques difficultés que l’avenir réserve au gouvernement de la reine Victoria pour vaincre la révolte des troupes de la compagnie et rétablir sa puissance ébranlée, mais non sérieusement menacée par un mouvement sans portée politique, nous avons foi dans la persévérante énergie de la race anglo-saxonne, et nous croyons que ni ces événemens, ni ces difficultés n’auront assez de pouvoir sur l’esprit des hommes d’état de l’Angleterre pour leur faire oublier les graves intérêts que la guerre avec la Chine est appelée à régler, les dangers réels qu’elle doit prévenir. Se retirer de

  1. Wong-kong Register, 10 mars 1857.