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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/919

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57,000, d’après le dénombrement officiel de 1851. Je ne sais sur quels nouveaux documens ils s’appuient pour l’élever à ce point, ce qui ferait ressortir entre 1851 et 1856 l’augmentation vraiment énorme de 13,000 âmes, ou près de 25 pour 100. Dans tous les cas, on y compte environ 4 habitans par hectare, ce qui ne se rencontre en France que dans l’arrondissement de Lille, déduction faite des grandes villes, et ce qui équivaut à six fois notre population moyenne. Malgré l’extrême densité de cette population, les agriculteurs jersiais trouvent encore le moyen d exporter une assez grande quantité de produits. Outre leur cidre, ils vendent tous les ans à l’Angleterre du blé, du beurre, des pommes, du raisin, et surtout des vaches ; cette dernière branche d’exportation rapporte à elle seule aux cultivateurs de l’île 700,000 francs.

La grandeur ordinaire des exploitations est de 30 à 40 vergées, ou de 6 à 8 hectares, la vergée étant de 20 ares. Les fermes de 100 à 200 vergées, ou de 20 à 40 hectares, sont l’exception ; il en existe à peine une douzaine dans l’île. « Ainsi divisée, disent MM. Girardin et Morière, qui me font l’honneur d’emprunter mes propres expressions, la terre est cultivée comme un jardin ; elle est affermée en moyenne de 250 à 300 francs l’hectare, et dans les environs de Saint-Hélier jusqu’à 500 et 750 francs. » À l’appui de ces affirmations générales, voici un exemple : la ferme de M. Baudains, à Saint-Sauveur, contient 45 vergées ou 9 hectares, loués 3,380 fr., c’est-à-dire 375 fr. par hectare ; le sol est ainsi divisé :


Prairies naturelles 2 hectares 60 ares
Trèfle 2 hect.
Pommes de terre 1 hect.
Navets 1 hect. 20 ares
Panais 0 hect. 30
Betteraves 0 hect. 30
Blé 1 hect. 60
Total 9 hectares

Les quatre cinquièmes du sol étant consacrés à la nourriture du bétail, on entretient sur cette ferme 2 chevaux, 6 vaches, 4 génisses et 7 porcs, en tout l’équivalent de 14 têtes de gros bétail, ou une tête et demie par hectare. Quatre personnes y sont employées. Les hommes gagnent 1 fr. 30 c., les femmes de 65 à 80 centimes, la nourriture en sus. Une servante de ferme se loue de 200 à 260 fr. par an ; un domestique coûte de 310 à 390 fr. Cette ferme a été vendue à raison de 12,000 fr. l’hectare, et il y en a mille de pareilles dans une île qui a l’étendue d’un de nos cantons.

Est-ce la qualité exceptionnelle du sol qui a produit ces résultats