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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 13.djvu/92

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LES
COLONIES FRANCAISES
DEPUIS
L'ABOLITION DE L'ESCLAVAGE

LE TRAVAIL, - LA PRODUCTION, - LA PROPRIETE.



Il y a quelques années qui ne s’en souvient ? un grand bruit se faisait autour des colonies françaises. La question de l’esclavage défrayait une polémique où la défense et l’attaque se livraient aux mêmes exagérations. De temps à autre, la mêlée se compliquait, et un intérêt industriel considérable, celui de la sucrerie indigène, intervenait dans le débat. Que de théories créées pour les besoins de la lutte et passées à l’état de théorèmes à la faveur de l’animation générale ! « L’abolition de l’esclavage, c’est l’abolition du travail, » répétaient à l’envi les avocats des colonies et ceux de la sucrerie indigène. On évoquait en même temps les tragiques souvenirs de Saint-Domingue. « Partout où il s’est ouvert un compte entre les deux races, disait l’éloquent auteur de la Démocratie en Amérique, ce compte s’est soldé par la destruction de l’une ou de l’autre. » Attaqué dans sa moralité, attaqué dans sa fortune, livré pieds et poings liés à des tergiversations législatives qui semblaient lui faire un ennemi de chacun des nombreux fonctionnaires de son petit pays, le planteur découragé avait fini par douter du droit que lui avait légué le passé en même temps qu’il perdait toute confiance dans l’avenir.