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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/187

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La liberté, fière et sans règle
Dans sa ferveur,
Qui donne au pain d’orge et de seigle
Tant de saveur;

Qui rend l’habit de grosse laine
Souple et soyeux,
Et fait battre, à sa chaude haleine,
Les cœurs joyeux;

La liberté, plus douce encore
Que le doux miel.
Plus éclatante que l’aurore
Au fond du ciel.

Tu viens, ô divine guerrière
Que nous aimons.
Tu descends, comme la lumière,
Du haut des monts.

Là, debout sur la feuille sèche,
Au bord d’un bois.
Tu lanças la première flèche
De ton carquois.

Là, présente à l’heure fatale
Aux oppresseurs.
Tu fondras la dernière balle
Des francs chasseurs.

Mais nous, ô voyageur, plus haut ! montons encore
Cet escalier des monts par où descend l’aurore;
Chacun de ses degrés offre au cœur agrandi
L’image et le conseil d’un travail plus hardi.

Aux confins de l’éther d’où la foudre s’élance,
Voici la région du froid et du silence,
Où la vie est voilée, où cessent les combats;,
L’œil même du chasseur ne la voit que d’en bas.
C’est le front de la terre où dort l’âme du fleuve.
Les fécondes sueurs où tout germe s’abreuve
Jaillissent de là-haut, et l’être, à grands flots, sort
De ces monts recouverts du linceul de la mort.