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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/196

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V.

L’ESPRIT DES SOMMETS.


Rends-moi mes ailes d’or et marche désormais
Sur la route commune,
Et va combattre, armé de l’esprit des sommets,
La foule et la fortune.

Lorsqu’errant, comme toi, sous l’arceau des sapins
Où fument les résines.
On a mêlé son cœur dans mes temples alpins
A tant d’âmes divines;

Que les saints et les forts et l’ange des hauteurs
Vous ont parlé sans voiles;
Qu’on a de l’infini respiré les senteurs
Et lu dans les étoiles...

On retourne sans crainte au poste du devoir.
Et, d’une main plus forte,
On y fait hardiment son œuvre jusqu’au soir.
Vainqueur ou non, qu’importe?

HERMANN.


Oui, vous m’avez armé, sommets d’où je descends!
L’esprit qui parle en vous au combat me ramène.
Et du souffle divin j’emporte, en frémissant,
Tout ce qu’en peut tenir une poitrine humaine.

J’écoute encore en moi vos chênes murmurer;
J’entends bruire encor l’essaim des bons génies :
Il fait rendre au désert toutes ses harmonies,
Chaque fois qu’il s’y pose et vient nous effleurer.

J’ai là, toujours ouvert, votre livre, où j’épelle;
Aux pages de mon cœur, l’artiste souverain.
Le soleil, a fixé sur mon docile airain,
A fixé des hauts lieux cette image éternelle.

Avec la saine odeur des plus mélodieux.
Avec les chauds rayons et les fraîches haleines.
J’emporte les conseils, l’âme des demi-dieux.
Je la sens pénétrer et courir dans mes veines.