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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/426

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surface liquide comme 0,419 est à 1, tandis que ce rapport n’est que de 0,129 à 1 dans l’hémisphère sud, de telle sorte que si nul échange atmosphérique ne s’effectuait entre les deux hémisphères, l’air austral devrait nécessairement différer de l’air boréal en composition, et c’est ce qui n’a pas lieu.

Si maintenant de la composition de l’air nous passons à ses fonctions, nous trouverons des argumens d’une autorité non moins irréfutable. Chacun sait que l’atmosphère renferme une proportion de vapeur d’eau variable, dont les différens degrés de condensation nous donnent la rosée, la brume, la pluie, la neige et la grêle, et l’on sait également que l’un des rôles les plus importans attribués aux vents consiste à transporter cette vapeur d’un point à un autre, à l’enlever à l’Océan pour aller ensuite la précipiter à des milliers de lieues plus loin. En nous plaçant à ce point de vue, nous pouvons partager en deux grandes divisions les courans aériens à la surface du globe : — d’une part les vents d’évaporation, c’est-à-dire se chargeant de vapeur d’eau à leur passage sur l’Océan ; de l’autre les vents de pluie ou de précipitation, c’est-à-dire abandonnant et déposant cette vapeur d’eau. Les premiers seront ceux qui se rapprocheront de l’équateur, et passeront par suite continuellement d’une température à une autre plus élevée : ce seront les alizés, qui évaporent en effet infiniment plus d’eau qu’ils n’en précipitent. Les seconds seront au contraire ceux qui se rapprocheront des pôles, et passeront d’une température à une autre moins élevée : ce seront les vents généraux du sud-ouest et du nord-ouest, qui soufflent entre les pôles et les calmes du Cancer et du Capricorne, vents pour lesquels il est reconnu que la précipitation surpasse de beaucoup l’évaporation. Ces deux rôles successifs peuvent faire comparer les vents à une vaste éponge s’imprégnant d’abord de vapeur d’eau dans les régions alizées, où l’évaporation est incessante, puis soumise plus tard à un décroissement graduel de température qui exprimerait l’eau ainsi recueillie, absolument comme pourrait le faire une main se refermant de plus en plus, et comprimant progressivement l’éponge jusqu’aux pôles.

Ceci posé, nous allons trouver dans ces considérations une nouvelle preuve en faveur du système de circulation atmosphérique que nous avons développé. En effet la grande majorité des cours d’eau de notre globe, presque tous les fleuves importans, sont situés dans l’hémisphère nord, ce qui, en envisageant chaque fleuve comme une sorte de pluviomètre du bassin drainé par lui, nous permet de conclure à priori que pour les continens la quantité de pluie est plus considérable dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud. C’est aussi ce que confirment les observations directes, et Keith Johnston évalue, pour les deux zones tempérées nord et