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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/643

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Le même jour, après que sir Thomas Cheyney eut pris congé de François Ier, Clarencieux, héraut d’armes d’Henri VIII, demanda audience pour déclarer solennellement la guerre. Tout tremblant, le héraut d’armes porta le défi de son maître au roi de France, qui l’accepta d’un ton haut et froid[1]. Les hostilités ne se firent pas attendre. Le comte de Surrey, nommé amiral des flottes combinées d’Angleterre et d’Espagne, parut vers le milieu de juin sur les côtes de Normandie et de Bretagne qu’il ravagea. Après avoir saccagé Morlaix, il escorta jusqu’à Santander l’empereur, qui débarqua le 16 juillet dans ce port de la Vieille-Castille. Le comte de Surrey vint prendre ensuite le commandement des troupes anglaises descendues en Picardie pour y agir de concert avec les troupes des Pays-Bas, placées sous les ordres du comte de Buren.

Sans renoncer à l’expédition d’Italie, François Ier se vit tout d’abord réduit à défendre son propre royaume. Il mit les frontières du sud et du nord-ouest à l’abri des attaques dont elles étaient menacées par les Espagnols, les Anglais et les Flamands. Il envoya vers les Pyrénées occidentales le maréchal de La Palisse, qui débloqua Fontarabie depuis longtemps assiégée et qui la ravitailla[2]. Il chargea son lieutenant-général en Picardie, le duc de Vendôme, auquel vint se joindre avec cinq cents lances et dix mille hommes de pied le gouverneur de Bourgogne La Trémouille, de faire face aux ennemis de ce côté. Malgré leur jonction, le duc de Vendôme et le sire de La Trémouille, n’étant pas assez forts pour tenir la campagne, occupèrent avec leurs troupes Boulogne, Thérouenne, Hesdin et Montreuil, afin que ces places ne tombassent point au pouvoir des comtes de Surrey et de Buren. Ceux-ci brûlèrent des villes ouvertes, saccagèrent le plat pays dans le Boulonnais[3], et s’avancèrent jusqu’à Dourlans, qu’ils détruisirent, ainsi qu’un grand nombre de villages circonvoisins. Ils poursuivirent cette œuvre de dévastation et de pillage jusqu’à la fin de septembre, époque à laquelle l’abondance des pluies et le manque de vivres obligèrent le comte de Buren à ramener ses troupes dans les Pays-Bas et le comte de Surrey à retourner avec les siennes en Angleterre[4]. La frontière de Picardie avait été ravagée sans être entamée, et les nouveaux confédérés renvoyèrent à l’année suivante l’exécution du grand plan d’invasion de la France.

  1. Journal de Louise de Savoie dans le tome XVI de la collection Petitot, p. 406 et 407.
  2. Du Bellay, ibid., p. 391-392.
  3. Lettres de Surrey à Wolsey, du 16 août, des 3, 6, 9,12, 22, 28 septembre 1522. — Dans Brequigny, vol. 89.
  4. Du Bellay, p. 393 à 398. — Pontus Heuterus, lib. VIII, f. 204.