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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/682

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la nature, et comme il n’est pas homme à emprunter une tradition sans y rien mettre de sa propre imagination, il présumerait volontiers que les animaux dont la pourriture fait ainsi tous les frais doivent être ceux-là mêmes qui ne sont pas énumérés parmi les espèces conservées dans l’arche.

En astronomie, il tient, comme Bacon encore, pour la doctrine de Ptolémée, que le soleil avec la voûte entière du ciel tourné autour de la terre. Ajoutons pourtant qu’il n’est pas sans inquiétude sur ce point, et que, dans les dernières éditions de son œuvre, il a fait un pas de plus vers le système de Copernic.

Tout en combattant la fausse opinion que le corail est mou au fond de la mer et qu’il se durcit seulement au contact de l’air, il ignore, comme tous les savans de son temps, que le corail appartient au règne animal. Il hésite à décider « si c’est une plante que les esprits de sel coagulateurs et le jus lapidifique de la mer ont convertie en une substance pierreuse, ou si plutôt ce ne serait pas un minéral qui, en vertu des esprits de sel germinatifs, aurait la propriété de se développer en manière de rameaux. » Par ces esprits germinatifs, il est clair qu’il entend quelque chose d’analogue à la force qui s’appelle pour nous attraction moléculaire, et qui est à l’œuvre dans les cristallisations, car il a bien observé que « la conformation du cristal de roche ne lui était pas imposée par le moule des objets circonvoisins ; » mais, ainsi que le relève M. Brailey, qui a fourni de bonnes notes scientifiques à l’édition de M. Wilkin, les phénomènes de cristallisation se distinguent mal pour lui des phénomènes d’organisation, et ce qu’il a su voir dans le cristal ne sert qu’à l’encourager dans une autre erreur, qui alors était également universelle. Il croit que les bélemnites, les cornes d’Ammon et bien d’autres fossiles sont aussi des minéraux qui croissent et prennent une figure d’animal par l’effet d’une énergie intérieure de la même nature.

Relativement à la chaleur et au froid, il n’est pas sorti non plus des ténèbres où étaient encore ses contemporains. Il est porté à considérer la vaporisation comme la simple fuite d’un esprit (d’un gaz) qui se trouve emprisonné dans la substance en vapeur. Il a d’amusantes réflexions sur le fumier des pigeons, « qui doit contenir bien du feu, puisqu’il est capable, en fermentant, d’incendier une maison, » et qui lui semble prouver le chaud tempérament des oiseaux