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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/811

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et introduit une différence entre les objets d’importation : les matières premières, les denrées alimentaires, tout ce qui est nécessaire à l’industrie et à l’agriculture paie beaucoup moins qu’auparavant ; les objets de luxe supportent encore des droits assez forts, mais fixes. On ne compte pas s’en tenir à cette amélioration. Tous ces droits doivent encore être diminués graduellement, sans que la recette éprouve un abaissement immédiat trop prononcé. C’est un grand pas de fait pour le système libéral appliqué aux sciences financières et économiques : c’est un développement du système appliqué par sir Robert Peel, qui a fait une si mémorable révolution dans le régime intérieur de la Grande-Bretagne. Les résultats n’en ont pas été moins avantageux au Brésil que ne l’a été à l’Angleterre la réforme de l’homme d’état qui a si bien mérité des classes inférieures de la société anglaise. Toutes les craintes qu’on avait conçues d’une diminution dans les recettes de la douane disparurent aussitôt que le nouveau tarif fut mis en vigueur. Le premier semestre qui a suivi l’adoption de la réforme n’a pas produit moins que les semestres antérieurs sous le régime protectioniste. Ce n’est pas seulement pour les douanes que la recette offre un progrès constant : en 1836, les droits d’importation ne montaient qu’à 7,826,000,000 de reis ; en 1856, ils dépassent 25,000,000,000 de reis. La même progression a été observée dans toutes les autres branches de la recette publique ; on en trouve la preuve non-seulement dans les revenus généraux, mais aussi dans la marche ascendante des recettes provinciales, qui ne prélèvent aucune part sur le produit des impositions douanières.

Il serait curieux peut-être de comparer l’état actuel du budget de l’empire du Brésil avec celui des autres budgets du monde ; cette étude deviendrait bien instructive, et tournerait au profit de cette jeune nation, qui n’a qu’une existence d’un peu plus de trente ans. Nous ne trouvons, avec les États-Unis de l’Amérique du Nord, que les six grandes puissances européennes, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, la Prusse, l’Autriche et l’Espagne, qui présentent des recettes plus élevées que celles du Brésil. La Hollande n’a qu’une recette de 159,628,885 francs ; la Belgique, 139,604,990 francs ; Naples, 134,912,038 francs, et la Sardaigne, 132,497,830 francs. Tous les autres états du monde viennent après ceux-là. Les finances du Brésil se présentent donc sous un très heureux aspect. Ce pays voit s’élargir devant lui, sans augmentation de sa dette publique, la sphère de sa vie industrielle et morale ; il voit ses revenus augmenter tous les ans et lui fournir les moyens d’entreprendre de grands travaux d’utilité publique, sans qu’il soit besoin de créer de nouvelles impositions.