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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 14.djvu/847

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C’est dans cette tour que les premiers Demidof faisaient affiner l’argent que produisaient leurs mines de l’Altaï, et qui était ensuite monnayé mystérieusement dans une petite île, au milieu du lac de Tchernoïstotchinsk. C’est aussi dans cette tour qu’ils cachaient les exilés qui s’échappaient de Tobolsk, et qui étaient employés dans leurs établissemens quand les poursuites avaient cessé. Outre Neviansk, les Demidof possèdent encore à Kishtymsky un château immense, auprès duquel les plus vastes résidences seigneuriales d’Angleterre sembleraient des chaumières. Il a été construit sur les dessins du second Demidof, et n’a jamais été complètement terminé. Quant à l’étendue de leurs possessions, on en jugera par un fait : un seul de leurs domaines, celui de Tagilsk, a une étendue de trois millions d’acres, et leurs forêts couvrent plus de dix mille verstes carrées.

Le plus important de leurs établissemens est Nijni-Tagilsk. C’est une ville de vingt-cinq mille âmes, située dans une position pittoresque sur la rivière Tagil. Elle renferme un grand nombre de constructions élégantes en brique et en pierre, entre autres une belle église, ornée de tableaux de prix, et un édifice grandiose occupé par l’administration des mines. On y trouve des hôpitaux vastes et bien organisés pour les ouvriers, d’excellentes écoles pour les enfans et les jeunes gens des deux sexes, d’immenses magasins dont les uns contiennent le blé, les farines, les épiceries, les étoiles nécessaires à la population, dont les autres sont destinés à recevoir le fer et le cuivre à mesure qu’ils sont fabriqués. Les directeurs et les employés supérieurs sont tous pourvus d’une maison spacieuse et commode, et les habitations des ouvriers sont très comfortables. Tous les établissemens de la ville, hauts fourneaux, forges, laminoirs, ateliers de construction, sont montés sur la plus grande échelle. Les machines et l’outillage ne laissent rien à désirer. Tout a été tiré d’Angleterre ou fabriqué sur les lieux sous la direction d’un jeune ingénieur de mérite, natif de Tagilsk, qui a passé plusieurs années dans une des premières usines du Lancashire. Du reste, pour peu qu’un jeune homme de Tagilsk ou de quelque autre de ces mines montre des dispositions pour la géologie, la minéralogie ou la construction des machines, le propriétaire actuel, M. Anatole Demidof, ne recule devant aucune dépense pour compléter ses études. Il en a envoyé un certain nombre en Angleterre et en France, en leur donnant des pensions et tous les moyens de s’instruire ; à plusieurs il a même donné la liberté. Beaucoup de ses serfs sont arrivés à l’aisance et même à la richesse.

Tagilsk produit du fer et du cuivre. Le minerai de fer, fortement aimanté, se trouve à deux verstes de la ville, au sommet et