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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/113

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chez les Bituriges (Berri), une chez les Butènes (Rouergue), les quatre autres le long de la Saône, sur le territoire des Éduens et de leurs cliens, où les grains abondaient.

La Gaule s’agita encore l’année suivante ; il fallut une nouvelle campagne et de sanglantes exécutions pour achever sa soumission ; mais ces mouvemens eurent peu d’importance ; c’étaient les convulsions de l’agonie. La défense d’Alesia fut le dernier effort de l’indépendance celtique ; bien que pendant longtemps encore turbulente et souvent insurgée, la Gaule avait cessé d’exister comme nation, et pendant cinq siècles elle resta romaine. Quant au héros de cette lutte suprême, à Vercingétorix, il n’avait été épargné dans le premier moment que pour orner le triomphe du vainqueur. Il dut attendre six ans dans une dure captivité ; le soir du triomphe, il fut froidement égorgé. Et l’on vante la clémence de César ! de celui qu’un de ses panégyristes glorifiait d’avoir tué un million d’hommes en Gaule, et d’y avoir vendu comme esclaves un autre million de créatures humaines ! Il fut clément pourtant, mais comme on pouvait l’être à Rome, envers ses compatriotes. Avant la divine révélation du dogme de la charité, l’homme n’était rien ; le citoyen seul comptait, et cela encore jusqu’à ce que les plus imparfaites notions du juste et de l’injuste eussent disparu dans l’effroyable corruption de l’empire. Certes nos guerres modernes sont accompagnées de grandes misères, et depuis l’établissement du christianisme on a vu accomplir des cruautés presque égales à celles qui ont trop souvent signalé le passage des Romains ; mais la conscience publique a voué à l’exécration les auteurs de ces forfaits. Aujourd’hui les plus rebelles ou les plus indifférens aux vérités chrétiennes en subissent malgré eux l’influence : les plus impitoyables reculeraient devant les actes qui n’ont pu ternir dans le conquérant des Gaules la réputation de clémence que mérita le vainqueur de Pompée.


X.

Dans les pages qui précèdent, sauf quelques lignes consacrées à la reddition de Vercingétorix et empruntées à Dion Cassius, nous avons suivi pas à pas le texte de César : nous avons supprimé quelques détails sans intérêt pour la discussion actuelle, nous avons interverti l’ordre dans lequel étaient présentés quelques faits ; mais nous nous sommes efforcé de reproduire avec exactitude tous les passages qui ont fourni des argumens à l’une ou à l’autre opinion. Avant de continuer cette étude sur le terrain d’Alise ou d’Alaise, il nous paraît utile de mettre un certain nombre de points hors du débat, d’examiner certaines questions que soulève la lecture des