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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/577

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et en Alsace et aussi par la compagnie des chemins de fer de l’Est, qui n’a pas seulement provoqué comme consommateur l’accroissement des importations de la Prusse et de la Bavière rhénanes ; par l’ouverture de l’embranchement de Frouard à Forbach, en 1851, et par l’application de tarifs différentiels, elle a considérablement -activé ces importations. Ce fait d’un bassin étranger qui approvisionne exclusivement nos départemens limitrophes doit être rapproché de cette fièvre de recherches dont la Moselle est en ce moment le théâtre. On y trouvera une preuve bien manifeste du progrès que l’industrie houillère est capable de faire sans être surexcitée par l’espoir d’une protection systématique, et du caractère tout artificiel des plaintes que fait entendre le comité des houillères françaises, lorsqu’il prétend que le relâchement de notre législation douanière aura pour conséquence de s’opposer au développement de nos exploitations de combustibles minéraux.

On peut encore opposer aux partisans des restrictions douanières l’essor pris par les mines du nord de la France, placées exactement vis-à-vis du bassin belge dans la situation qu’occupent vis-à-vis du bassin de Sarrebruck nos exploitations naissantes de l’est. Cependant la France absorbe à elle seule la presque totalité de l’exportation houillère de la Belgique : sur une production de 85 millions de quintaux métriques, elle en consomme environ 32 millions, c’est-à-dire plus du tiers[1]. Tout exposé qu’il est à la concurrence étrangère, le bassin du nord s’est pourtant développé au point, je le répète, de doubler son extraction durant ces cinq dernières années, et il a tenu partiellement en échec l’importation belge. Il n’est pas douteux que les nouvelles exploitations de la Moselle ne soient destinées à donner un spectacle semblable. À coup sûr, les sociétés d’explorateurs que le comité des houillères a soin de signaler comme une preuve incontestable des efforts de l’industrie minérale, et dont il cite les succès sur plusieurs points du territoire pour montrer l’augmentation incessante de notre domaine souterrain, ces sociétés si nombreuses ne pensent point, comme le comité, que les charbons

  1. Voici du reste, pour la période que je considère dans tout le cours de cette étude, les chiffres relatifs à l’importation des houilles belges : en 1811, la Belgique nous a envoyé 950,000 quintaux métriques de houille ; en 1820, 2,272,132 quint, met. ; en 1830, 5,108,065 quint. met. ; en 1840, 7,486,002 q. m. ; en 1850, 19,531,900 q. m. ; en 1857, 32 millions de quint, métriq. Durant les trois dernières années, l’importation belge est restée stationnaire.