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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/729

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L'ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

III.
LES GYPSIES ET LA VIE ERRANTE.



La population anglaise était fixée, quand aux races établies sur le sol de la Grande-Bretagne vint s’ajouter dans le cours des siècles un élément excentrique et nomade. Les bohémiens[1] ne sont point particuliers au royaume-uni : il n’y a guère en Europe, en Asie, en Afrique, dans le monde entier, un coin de terre inculte et retiré qui n’ait vu s’élever la fumée de leurs bivouacs, une lande où n’ait mordu la dent de leurs ânes ou de leurs chevaux. Ils ont suspendu leurs chaudières aux racines saillantes du chêne et au tronc grêle des oliviers, leur tente s’est déployée des neiges de la Russie aux sierras brûlées de l’Espagne, de la chaîne de l’Himalaya à la masse sauvage des Andes ; mais il n’y a peut-être pas d’endroit au monde qui se prête aussi bien que la vieille Angleterre à l’étude de cette race dispersée et mystérieuse. Le voyageur qui se contente de visiter

  1. Ces hordes vagabondes portent différens noms, suivant les pays : en France, on les appelle les bohémiens ; en Russie, les zigani en Turquie et en Perse, les zingarri ; en Allemagne, zigeuner ; en Espagne, les zincali et les gitanos ; en Angleterre, les gypsies. Encore les auteurs anglais varient-ils sur l’orthographe du mot, qu’ils écrivent gypsies, gipsies ou gipseys. Les noms diffèrent ; mais c’est partout le même sang, la même race.