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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/136

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à l’armée de Crimée, pouvant se transporter partout et contenir chacune cinquante convicts avec quatre surveillans.

Voici maintenant l’ensemble du système réformatoire pratiqué en Irlande sous la direction de M. Le capitaine Walter Crofton. La peine subie par les convicts irlandais se divise en trois stages. Le premier stage se compose de deux périodes : dans la première, qui est de neuf mois, les convicts subissent un emprisonnement cellulaire; dans la seconde, dont la durée dépend de leur conduite, ils travaillent ensemble pendant le jour, et sont renfermés la nuit seulement dans des cellules séparées. Le second stage, le stage intermédiaire, comprend le temps que les convicts passent dans une des quatre prisons de Camden-Carlisle, Smith-Field et Lusk, travaillant ensemble et dormant dans des chambres communes. Dans le troisième stage, ils jouissent d’une liberté provisoire, sous le bénéfice d’un ticket of leave, toujours révocable en cas de conduite mauvaise ou même suspecte.

Premier stage. — La prison de Montjoy, à Dublin, est celle où s’accomplit la première période du premier stage. Il est remarquable que, tandis que l’administration française, après de coûteuses expériences, abandonnait l’emprisonnement cellulaire comme impraticable, l’administration anglaise en faisait la base de son système pénitentiaire. Cependant l’emprisonnement à Montjoy est loin d’être un isolement absolu; il ne sépare le condamné que de la société qu’il lui importe d’éviter, c’est-à-dire de la société des malfaiteurs, et il le met continuellement en contact avec les influences qui peuvent concourir le plus sûrement à sa moralisation. Tous les jours il reçoit la visite du directeur et celle du chapelain, tous les jours il quitte sa cellule pour aller prendre de l’exercice dans le préau, pour passer deux heures dans la classe de l’instituteur, et pour assister à l’office divin[1].

Après neuf mois de détention à Montjoy, le convict est envoyé, s’il travaille en chambre, à Philipstown, prison située dans l’intérieur des terres à quarante milles de Dublin, — s’il exerce un métier en plein air, à Spike-Island, fort de la rade de Cork. Dans l’un et l’autre établissement, il passe la nuit en cellule, et pendant le jour il fait partie d’un atelier de travailleurs. A Montjoy déjà, on lui mettait entre les mains des livres, non-seulement religieux, mais amusans et moraux à la fois. Dans la seconde période du premier stage, l’instituteur est en outre un lecteur qui choisit des sujets adaptés aux besoins, à l’intelligence et aux goûts de son auditoire.

  1. Chaque détenu occupait d’abord dans la chapelle une stalle séparée, comme en Angleterre; mais dans ces obstacles matériels ou a reconnu des stimulans qui portaient sans cesse le prisonnier à les éluder, et on a obtenu de lui plus de recueillement depuis la suppression des stalles.