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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/652

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Déjà le tribunal de commerce de la Seine avait eu l’occasion de poser ce principe éminemment vrai que, « si la raison interdit de rendre une compagnie indéfiniment responsable de la valeur des espèces qu’un voyageur aurait accumulées,, contre toutes les règles de la prudence, dans une malle ou dans un sac de nuit, elle doit répondre tout au moins de ce que celui-ci a pu raisonnablement y placer eu égard à son état, à sa fortune et aux circonstances de son voyage. » C’est ce principe que développe la cour d’Angers, en ajoutant qu’il est conforme à la raison de « comprendre dans les bagages d’un voyageur non-seulement, les effets à son usage personnel, mais la somme qui lui est indispensable pour les besoins de son voyage, et qui doit en être considérée comme accessoire. » Aucune objection ne me semble pouvoir être faite à ce système intermédiaire.


Dans cette étude, suffisamment étendue, de l’exploitation des chemins de fer au point de vue exclusif du transport des personnes, nous n’avons pas eu la prétention d’approfondir toutes les questions curieuses auxquelles le nouveau moyen de locomotion peut donner lieu ; mais nous osons espérer qu’en indiquant les principales, nous aurons contribué à rectifier quelques idées erronées qui sont trop facilement admises sans contrôle par le public, et à combler une sorte de lacune que présente son éducation. Il importe au plus haut degré que le public se familiarise rapidement avec les conditions d’exploitation et les résultats économiques des chemins de fer ; c’est pour lui le seul moyen d’assister sans surprise et sans déception aux phénomènes sociaux qu’ils sont destinés à produire, particulièrement en France. On ne sait plus en effet quelles limites assigner par la pensée aux conséquences de cette rapidité féconde que nous procurent les voies ferrées, au développement futur d’un phénomène social qui se traduit dès le début par des modifications générales d’une telle importance. Chaque jour, l’exploitation des chemins de fer fait surgir des questions nouvelles. Une commission du corps législatif, saisie, pendant sa dernière session, de la loi promulguée le 21 mai dernier, et ayant pour but de modifier plusieurs articles du code de procédure civile, émet le vœu d’une révision générale du code dans le sens d’une abréviation des délais et d’une simplification des formalités. « L’ère des chemins de fer, dit excellemment, le rapporteur de cette commission, veut en toutes choses plus de rapidité que l’époque du coche… Les lenteurs et les formalités en matière civile impatientent la génération actuelle. » Ces fléaux de toute, diversité sociale, comme M. de Rémusat appelle un peu sévèrement peut-être les voies de fer, donneront une solution plus rapide à tout problème international que les plus sages raisonnemens du monde ; , le réseau non interrompu de rails qui va incessamment