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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/726

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tifiques pleines de profondeur et de haute éloquence. C’est une merveille qu’un homme qui a atteint sa quatre-vingtième année puisse encore, après une vie si pleine et si agitée, donner un aussi splendide exemple de vigueur et de jeunesse d’esprit. Où est le secret de ce perpétuel rajeunissement intellectuel qui dompte les défaillances de la nature physique, et permet à un vieillard de quatre-vingt-six ans, comme lord Lyndhurst, de prendre une part active et influente aux débats de la chambre des lords, à un septuagénaire tel que lord Palmerston de gouverner le plus puissant empire du monde à travers les longues et orageuses nuits de la chambre des communes, et à Henry Brougham de se jouer avec une puissante sérénité dans les hauteurs les plus abstraites de la science ? Il y a je ne sais quoi d’héroïque dans cette vitalité persistante du talent, et cette vitalité, où le talent la nourrit-il chez nos voisins, si ce n’est dans les virils labeurs de la liberté politique ? e. forcade.




Les appréciations biographiques sont bien la chose la plus délicate, et rarement évitent-elles de provoquer quelque réclamation de la part de ceux qui s’y croient intéressés. S’il en fallait une nouvelle preuve, la lettre suivante, adressée au directeur de la Revue par M. A. Danican Philidor, la fournirait :

« Monsieur,

« Dans le n° de la Revue du 15 août dernier, vous avez publié un article de M. Scudo, intitulé le Dernier des Philidor.

« Au nom de huit petits-fils de François-André Danican Philidor, qui, dans le siècle dernier, conquit dans les arts une place considérable en créant le genre de l’opéra-comique, et composant vingt et un opéras applaudis par Grétry et les maîtres de l’époque, je viens affirmer que M. Alphonse Philidor, dont M. Scudo écrit la biographie comme celle du dernier des Philidor musiciens, n’était point de notre famille. Pour justifier mon assertion, je n’ai qu’un mot à dire : mon grand-père n’eut pas de frère, partant nul n’a le droit de se dire son neveu ou son petit-neveu. »

Notre réponse sera aussi courte que simple. Nous sommes lié, depuis une vingtaine d’années, avec une famille qui a longtemps habité Chartres, où elle a connu le fils aîné du célèbre compositeur, et qui connaît encore plusieurs de ses petits-fils. Il ne pouvait donc pas entrer dans notre pensée d’affirmer le contraire d’un fait qui nous était parfaitement connu, et M. A. Danican Philidor n’a pas compris le véritable sens qu’il fallait attacher au titre de notre article. Quoi qu’il en soit, l’artiste de mérite dont nous avons raconté la vie appartient bien évidemment à la grande famille des Philidor, qui descend tout entière du premier hauboïste de Louis XIII, et il était seul digne, selon nous, par son talent, d’appartenir à la branche des Philidor qui a donné à la France un des créateurs de l’opéra-comique, l’auteur du Maréchal ferrant et de Tom Jones.


P. SCUDO.


V. DE MARS.