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Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/867

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Falêmé, en un lieu que peuvent atteindre les bateaux à vapeur. Le premier est destiné à protéger l’exploitation des mines, le second à recevoir et emmagasiner les produits. Le personnel comprend, outre le directeur, un sous-directeur, un ingénieur des mines, deux gardes du génie, auxquels l’administration du Sénégal a dû adjoindre deux chirurgiens, un commis de marine et deux caporaux du génie : ce sont les seuls blancs admis ; le reste des ouvriers est pris parmi les indigènes. Des blockhaus et des barraquemens construits à Toulon ont été emportés par pièces pour être reconstruits sur place. La petite expédition est heureusement arrivée à Saint-Louis dans le mois de mai, et M. Faidherbe a profité des hautes eaux du mois de juillet pour aller, de concert avec M. le capitaine Maritz, inaugurer la prise de possession, au nom de la France, du territoire de Kaniéba, dans le bassin de la Falêmé, à deux cents lieues dans l’intérieur de l’Afrique.

En se réservant l’exploitation des mines d’or du Bambouk, au lieu de les concéder, l’administration a obéi à des considérations d’ordre divers, au premier rang desquelles se place l’espoir d’enrichir d’un nouveau chapitre de recettes coloniales le budget du Sénégal, qui dépasse à peine 2 millions de francs, sur lesquels 250,000 seulement proviennent des ressources locales. Il se pourrait bien que l’expérience établît qu’en ce genre d’entreprises l’exploitation directe par l’état n’est pas toujours le meilleur moyen de lui procurer des bénéfices. À supposer quelques déceptions de ce côté, on aura toujours à se féliciter d’avoir assuré aux premiers actes d’une politique nouvelle le caractère de loyauté qui manque trop souvent aux spéculations privées, surtout dans les contrées que leurs métaux précieux signalent aux plus ardentes convoitises ; dans la situation encore délicate de nos rapports avec le Bambouk, peut-être la prudence ne permettait-elle pas de suivre une autre marche. On obtiendra du même coup des notions exactes sur l’étendue et la richesse probable des terrains aurifères, au sujet desquels manque toute évaluation précise. D’après des informations officielles, le comptoir de Bakel a reçu en 1857 une valeur de 60,000 fr. en or, fraction probablement très faible de la production totale qui se répand à l’intérieur dans une multitude d’états idolâtres ou musulmans, descendant vers l’ouest sur le littoral, depuis Saint-Louis jusqu’à Sierra-Leone, pénétrant dans l’intérieur jusqu’à Ségou, Djenné et Tombouctou, les trois capitales du Soudan central et occidental. Les mines du Bambouk ne sont d’ailleurs, suivant toute vraisemblance, que des veines détachées de ce grand massif de montagnes, inscrites sur les cartes sous le nom de Kong, qui séparent les bassins supérieurs du Sénégal, de la Gambie et du Niger, et de là, comme d’un centre de soulèvemens, poussent des contre-forts, à l’est, au cœur du Soudan,