Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 17.djvu/877

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou 15,000 tonneaux d’encombrement. L’arachide donne de tels bénéfices, qu’elle y est devenue populaire, nécessaire même. Au Cayor appartiennent les salines naturelles de Gandiole, qui rapportent 20,000 francs par an, moitié aux gens du village qui recueillent le sel, et moitié au maître du pays, le damel. Le bourg approvisionne Saint-Louis de légumes, d’œufs, de lait, de volailles, etc. C’est aussi du Gayor qu’arrivent les vins de palme et de nombreux bestiaux, d’un bon marché extrême. Les petits états du Ndiambour, de Buol, de Sin, de Salum, habituellement soumis au chef du Cayor, agrandissent au sud le cercle de nos relations jusqu’au voisinage de la Gambie : les produits de ces contrées sont vendus à Saint-Louis, les uns de première main, les autres par l’intermédiaire des Toucouleurs du Fouta. Le Ndiambour surtout a de l’importance, car c’est une province bien peuplée, bien cultivée, possédant une centaine de villages, pays d’ordre et de travail, où quelques alliances suspectes avec les Maures ont été vaincues par une récente expédition de M. Faidherbe. L’arachide y est en honneur.

Le Djiolof, qui s’étend au second plan, derrière le Oualo et le Cayor, possède de belles forêts d’acacias, comparables à celles des Maures. Dès que ces nomades, qui ont fait de ce pays le théâtre de leurs brigandages et le magasin général de leur butin, en seront écartés, Saint-Louis en recevra d’abondantes provisions de gommes. On y trouve en outre la cire, l’ivoire et surtout des bœufs de grande taille, nourris sur de gras pâturages qui couvrent des plaines fertiles.

Le Fouta promet davantage encore. Dans ce pays d’environ deux mille lieues carrées de surface, d’une admirable fertilité, peuplé de trois ou quatre cent mille habitans, l’arachide prospère, et la culture y suivra la demande des traitans. Le coton y fructifie à côté du mil et du riz, et la quantité de cuirs que cet état livre au commerce fait soupçonner le grand nombre d’animaux domestiques qu’il élève. Entre ces derniers, on vante surtout une race de petits chevaux provenant des Maures, et qui, malgré leur dégénérescence, brillent encore par de précieuses qualités. L’antipathie fanatique des habitans s’oppose seule à notre action dans le Fouta : une habile politique en triomphera, comme elle a fait pour les villages de Bokol et de Gaë, pour les provinces de Toro et de Dimar, car déjà en échange de leurs produits ils nous prennent de la guinée, du sel, des fusils, de la poudre, des pagnes de couleur, de l’ambre.

À mesure que notre vue remonte le plan incliné des plaines pour s’élever sur les flancs du bassin supérieur du Sénégal, elle se repose sur un pays plus frais, plus boisé, plus favorable à la production agricole. Nulle part mieux qu’au Galam, le Gadiaga des indigènes,