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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/1014

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Des détails nouveaux et plus précis sur la jeunesse du grand musicien, une meilleure classification de ses œuvres juvéniles, une appréciation plus juste de ses mœurs, de ses habitudes et des influences diverses qu’a subies son génie, distinguent cette seconde édition de la première. Ceux qui tiennent à se convaincre que Beethoven n’a jamais été méconnu par la partie éclairée de la nation allemande, comme on ne cesse de le dire dans les fables qu’impriment les journaux, n’ont qu’à parcourir les deux petits volumes de la nouvelle biographie de M. Schindler, qui pourraient être écrits dans un meilleur style.

L’Italie, qui se régénère, ne peut manquer, lorsqu’elle sera complètement maîtresse de ses destinées, de porter son attention sur l’art musical, qui est une des gloires de son beau et fécond génie. Nous avons pour garant de cette résurrection du goût musical de l’Italie un petit volume qui a été publié à Florence sur l’œuvre entier de M. Verdi, par M. A. Basevi. Si nous ne nous trompons pas, M. Basevi est un amateur assez bien renseigné sur les travaux importans qu’a produits la critique musicale dans les différens pays de l’Europe. On voit que M. Basevi connaît les œuvres importantes de l’école allemande, car il parle de Meyerbeer, de Weber, de Mozart, d’Haydn, et parfois aussi de Beethoven, en juge éclairé. M. Verdi n’est point pour M. Basevi, comme pour la plupart des Italiens, l’alpha et l’oméga de la musique dramatique de tous les temps et de tous les pays. Il apprécie les différentes partitions du compositeur lombard avec mesure et sans fol engouement, et, bien que nous ne partagions pas toujours les vives admirations de M. Basevi pour les qualités incontestables de l’auteur d’Ernani et d’il Trovatore, nous avons lu avec plaisir et profit son livre sur Giuseppe Verdi, qui est écrit avec clarté et parfois avec élégance.

Un chercheur intelligent de livres curieux sur le théâtre et l’art dramatique, M. Lassabathie, a eu la bonne pensée de recueillir et de publier en un volume très compacte tous les documens qui se rapportent à la fondation et à l’administration du Conservatoire de musique et de déclamation. Créé d’après une loi promulguée par la convention nationale le 3 août 1795 (16 thermidor an III), le Conservatoire de musique, qui n’était pas la première institution de ce genre qui existât en France, a traversé les différens régimes politiques avec plus ou moins de prospérité. Il y aurait sur l’existence et la direction actuelle du Conservatoire de musique beaucoup de choses à dire, qu’on ne trouvera pas dans ce livre, d’ailleurs fort utile. Pour nous, qui sommes libre de dire tout haut ce que M. Lassabathie et tous les hommes instruits en ces matières délicates disent sans doute tout bas, nous n’avons pas attendu ce moment pour déclarer que le Conservatoire de musique a besoin d’être réformé dans son chef et dans un grand nombre de ses membres.

En fait de jugemens, et de jugemens très nouveaux, sur beaucoup de choses parmi lesquelles la musique tient une assez grande place, nous devons