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Page:Revue des Deux Mondes - 1860 - tome 26.djvu/730

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jusqu’à ce jour ne paraît réunir les conditions de solidité indispensables pour une arme de guerre. L’obturation, si parfaite qu’elle soit d’abord, laisse bien vite à désirer, et la moindre fuite de gaz augmente avec une prodigieuse rapidité : la précision du tir disparaît, et il se fait un crachement désagréable et même dangereux. Il faut croire cependant que les recherches entreprises à ce sujet seront un jour couronnées de succès, car on a tenté déjà d’appliquer ce mode de chargement aux canons eux-mêmes, où les pressions sont bien plus fortes, mais où la fermeture se fait avec plus de simplicité. Presque tous les modèles proposés peuvent se rapporter à deux types. Dans l’un, la culasse du fusil présente une grande ouverture latérale, et à l’intérieur existe une chambre mobile où se place la cartouche ; la chambre, en se retournant, ferme ensuite l’ouverture extérieure par une demi-rotation ou par divers procédés accessoires. Dans l’autre, la crosse elle-même, ou la culasse seulement, bascule autour d’un axe, et le canon se trouve ouvert par les deux bouts ; la charge s’y loge, et l’arme se referme par des moyens d’une exécution toujours assez compliquée. Lorsque, pour éviter la pose de la capsule, la charge préparée contient elle-même l’amorce fulminante, une aiguille, sortant de la culasse, vient percer la cartouche et déterminer l’inflammation au moment où le doigt presse la détente. Un fusil à bascule et à aiguille, d’un calibre réduit, a été adopté tout récemment en Prusse. Le public n’a pas été mis dans le secret des expériences auxquelles ce fusil a été soumis ; mais il ne semble pas probable qu’il soit supérieur à un grand nombre d’autres qui ont été proposés depuis vingt ans en France et à l’étranger, et parmi lesquels le fusil Lefaucheux, bien connu des chasseurs, occupe un rang distingué. Cette arme restera-t-elle longtemps entre les mains du soldat sans exiger de réparations ? Cela est douteux, et elle pourrait bien se trouver fort dégradée, ne fût-ce que par l’effet du fourbissage, lorsque le moment viendra de s’en servir.

L’avantage le plus réel des divers modes de chargement des armes par la culasse est une manœuvre simple et rapide. Cette dernière qualité existe à un haut degré dans le système américain dit revolver, et il permet en outre de tirer plusieurs coups de suite avec un seul canon, ce qui avait déjà été essayé, mais sans grand succès. Les revolvers ont une grande vogue depuis quelque temps, et la description détaillée en serait superflue, car tout le monde les a maniés, ou du moins les a vus aux vitrines des armuriers. Ils méritent le bon accueil qui leur a été fait, tant par l’originalité de l’idée que par les avantages qu’ils présentent pour les armes d’une petite longueur et d’une faible portée. Néanmoins les armes à révolution, avec quelque soin qu’on les exécute, n’auront jamais une grande précision ; il se