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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/127

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unit tous les Allemands, et qui n’est autre que celle d’un traité international, tout serait sauf, d’une part l’honneur et l’indépendance de chaque état (la Prusse ne peut oublier que la principale base de la constitution germanique a été la souveraineté également sauvegardée pour chaque état), et d’autre part la sécurité, l’union, la paix morale de l’Allemagne, ainsi que ses espérances d’un développement salutaire du pacte fédéral. Il a été trop facile de répondre à la Prusse, comme l’ont fait au commencement de février les notes identiques rédigées par l’Autriche et quelques autres gouvernemens allemands, que le traité qui subordonnerait un état de l’Allemagne à un certain pouvoir central fédératif ou seulement à la direction diplomatique ou militaire d’un autre état allemand ne serait pas une alliance véritable, mais un traité de sujétion, et que la dissolution du lien fédéral serait tôt ou tard la conséquence inévitable d’une pareille innovation. On voit que nous avions raison de dire qu’un résultat important des démarches de M. de Beust avait été de forcer la Prusse à s’expliquer nettement. L’explication a retenti dans toute l’Allemagne, et ce retentissement a suffi pour susciter à la Prusse mille obstacles.

L’Autriche aussi a répondu à M. de Beust, et, comme la Prusse, elle a montré à découvert des prétentions qui outre-passent de beaucoup la sphère de légitime développement de la constitution et du droit fédéral. Le mémoire explicatif accompagnant les instructions données par le comte de Rechberg au baron de Werther proteste d’abord, comme on devait s’y attendre, contre la proposition faite à l’Autriche de renoncer à la présidence constante de la diète en vue d’un alternat avec la Prusse. « Le privilège honorifique de la présidence a été réservé à la cour impériale dans l’intérêt général de l’Allemagne, et parce que le lien naturel reconstitué par l’acte fédéral après de graves déchiremens ne devait pas rester privé entièrement de toute forme unitaire. Si le sacrifice de ce privilège pouvait jamais être consenti par l’Autriche, ce ne serait qu’au prix d’avantages réels procurés par une réforme de la constitution à la cause de la patrie commune, et les plans de M. de Beust ne paraissent pas de nature à offrir de pareils avantages. » Après cette réserve préliminaire viennent des récriminations et une requête qui forment l’essence même du mémoire. « La confédération n’est jamais devenue vis-à-vis de l’étranger, dit M. de Rechberg, une confédération complète et sincère. Les traités fédératifs laissent subsister la possibilité qu’une partie de la nation allemande combatte contre l’étranger pendant que le reste n’est que spectateur égoïste, et malheureusement les sentimens politiques du peuple et des gouvernemens n’ont pas été assez unanimes dans les complications de notre temps