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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/312

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l’ordre, et même parfois au bien public,… de même la charité d’une église, charité bien entendue, j’en conviens, finit toujours par des bienfaits. Rien en soi n’est plus certain sous des formes variables. En Espagne, l’aumône est celle des vivres à la porte des couvens. En France, le clergé dispensait l’enseignement classique avec la profusion la plus libérale et même la plus gratuite, à ce point qu’avant 89 les collèges étaient plus remplis que ceux de l’université en 1842, ainsi qu’on peut le voir dans un document officiel à cette dernière date. — En Angleterre, le clergé dirige les écoles primaires et concourt à leur entretien : il est le souscripteur né de toutes les charities, le visiteur spontané des prisons, le missionnaire qui affronte les naturels et les moustiques de l’Afrique centrale, où parfois il s’engage et périt avec femme et enfans.

Outre cette force qui allège le budget des localités à. l’article des écoles et des hôpitaux, il en est une autre qu’on ne peut se permettre d’oublier, l’aristocratie professant comme elle fait le patronage des classes inférieures. Il faut faire état de ce sentiment et de cette richesse pour comprendre tout ce qui existe en Angleterre d’œuvres spéciales destinées au bien des masses. Sans doute les motifs sont variés de cette philanthropie aristocratique. On pourrait imaginer ici toute une gamme de motifs intéressés, depuis la précaution contre l’incendie jusqu’à la captation politique ; mais il ne faudrait pas en exclure non plus ceux qui partent d’un bon naturel, tout aussi probables à certaine hauteur que le spleen ; il me semble même qu’il y a un lien logique entre le spleen et la générosité.

Sans doute rien ne vaut, rien ne remplace la munificence de l’état, qui en ce pays prend chaque jour plus d’importance dans le service de l’enseignement primaire, la seule d’ailleurs qui sache traiter le paupérisme. Cependant il y aurait calomnie à ne pas reconnaître qu’au sommet de la société anglaise on a l’attention, la conscience même, fort éveillées au sujet de tout ce qui souffre. On y contemple avec une sympathie inquiète ces masses laborieuses au fond desquelles s’élabore la prospérité publique ; on voudrait élever à la dignité du savoir, à la sécurité du capital ces humbles frères auxquels la famille humaine, ne se lasse point d’offrir pour tout partage les œuvres lourdes et répugnantes, rémunérées par une subsistance précaire… Voilà pourquoi les bourgs ne font pas certaines choses, lesquelles se font chez eux, sans eux, et l’on peut bien dire au-dessus d’eux.

Quant aux routes, une si grande affaire dans le budget de nos départemens et de nos communes, il y a pour les exécuter en Angleterre un ingénieur fameux, l’intérêt privé, l’empressement du capitaliste à rendre, moyennant péage, ce service aux localités. Il appartient au parlement d’accorder les autorisations voulues en pareille