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Page:Revue des Deux Mondes - 1862 - tome 38.djvu/887

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sur laquelle on récolte la vanille et au cacaoyer, tous deux essentiellement d’origine mexicaine, car le chocolat est un mets mexicain que Montézuma fit servir à Cortez, et le nom même de chocolat vient de la langue aztèque; enfin à toute cette variété de fruits à forte saveur et de plantes embaumées qui réclament un soleil ardent, et dont la présence est considérée justement comme le signe d’une grande richesse agricole déjà tout acquise ou aisée à acquérir.

Sous le rapport du climat et des cultures, le Mexique offre trois grandes divisions que les Espagnols avaient depuis longtemps désignées par des noms caractéristiques, et qui pourraient se sous-diviser elles-mêmes presque à l’infini soit en raison des altitudes successives, soit par l’effet de plusieurs circonstances, notamment la diversité des expositions. La première de ces trois zones, appelée la Terre-Chaude (Tierra Caliente), part du littoral, et s’étend jusqu’à une certaine hauteur sur le plan incliné par lequel on monte au plateau. La nature végétale y est d’une puissance exubérante, par l’excès même de la température et par la présence des eaux courantes qui s’y montrent plus qu’ailleurs. Cette zone a une végétation particulièrement active sur le versant oriental du Mexique, parce que les vents dominans, les vents alizés, arrivent de ce côté chargés de l’humidité qu’ils ont recueillie dans leur longue course sur la surface de l’Océan. Elle se distingue par les cultures connues sous le nom de tropicales. Malheureusement sur plusieurs points, surtout dans le voisinage des ports que baigne l’Océan-Atlantique, elle est désolée par la fièvre jaune, dont le foyer pestilentiel est dans des marécages que l’industrie humaine réussira quelque jour à dessécher, quand elle voudra y appliquer les puissans moyens dont elle dispose aujourd’hui. Au-dessus, à mi-hauteur sur le plan incliné, s’étend la zone appelée la Terre-Tempérée (Tierra Templada), qui présente une température moyenne annuelle de 18 à 20 degrés, et où le thermomètre n’éprouve que très peu de variations d’une époque à l’autre de l’année, de sorte qu’on y jouit d’un printemps perpétuel. C’est une région délicieuse, dont le type le plus parfait s’offre aux environs de la ville de Xalapa, et qu’on retrouve avec ses charmes autour de la ville de Chilpancingo, où s’était réuni le premier congrès dans la guerre de l’indépendance. Elle possède une végétation à peu près aussi active et aussi vigoureuse que le littoral, sans en avoir l’atmosphère embrasée et les miasmes empestés. Elle est exempte de ces myriades d’insectes déplaisans ou venimeux qui pullulent dans la région basse de la Terre-Chaude et y font le tourment de l’homme. On y respire l’atmosphère pure du plateau sans en subir les passagères fraîcheurs et l’air vif dangereux aux poitrines délicates. Quand l’eau y abonde,